Front syndical global contre les fonds d’investissement

Mercredi 16 mai 2007 — Dernier ajout vendredi 27 mars 2009

Mondialisation. Les organisations présentes à Paris à l’occasion du forum de l’OCDE.

Front syndical global contre les fonds d’investissement

Par Christian LOSSON QUOTIDIEN : mercredi 16 mai 2007

C’en est fini des refrains sur la mondialisation à visage humain, les opportunités sur les nouveaux horizons, les rêves de partage équitable des fruits de la croissance mondiale. Les syndicats mondiaux sont montés au créneau hier pour fustiger « les énormes dysfonctionnements de la mondialisation ». Relégués dans une arrière-salle dépeuplée de la Bourse de Paris, en marge du forum annuel de l’OCDE ­ le club des 30 pays les plus prospères ­ pourtant placé sous le signe de « l’équité », les leaders des confédérations internationales, européennes et américaines des syndicats ont dénoncé dans un quasi-désert médiatique la financiarisation de l’économie et ses dommages collatéraux sur les salariés.

« On n’est plus des pompom girls louant la mondialisation, estime Guy Ryder (Confédération syndicale internationale). On croit au monde ouvert, mais on voit surtout augmenter la précarité et exploser les inégalités », comme le prouve un rapport de l’OCDE. En vingt ans, 17 pays sur 20 passés au crible connaissent un boom des inégalités salariales. « La réalité, c’est que jusque-là les gouvernements de l’OCDE ont échoué à rendre la mondialisation équitable », souffle John Sweeney (AFL-CIO, lire l’entretien ci-contre). « Le monde mérite mieux que d’être géré par des spéculateurs », renchérit John Monks (Confédération européenne des syndicats).

Principal symbole de ce « règne de la cupidité », selon eux, les fonds d’investissement. A commencer par les LBO (Leverage Buy Out, rachat par effet de levier), qui auraient atteint 600 milliards de dollars en 2006, un bond de 70 % par rapport à 2005. « Même Rodrigo Rato, le patron du FMI, qui n’a que le mot flexibilité à la bouche, me l’a dit : les fonds d’investissement menacent la stabilité financière internationale », rappelle Ryder. Monks : « Ils investissent dans leurs propres dividendes, mais rien dans la recherche, rien dans l’innovation, rien dans les salaires. »

Les syndicats réclament l’instauration d’une taxe spécifique sur ces nouveaux acteurs et la création d’un groupe d’intervention pour imposer davantage de transparence. La question a été abordée le 7 mai lors d’une rencontre avec la chancelière allemande, Angela Merkel, qui présidera le G8 dans moins de trois semaines. Mais, dit Ryder, « le Royaume-Uni, qui doit son succès à leur essor dans la City, n’est pas favorable à une régulation. Et le G8 préfère sans doute parler de la protection sociale dans les pays du Sud plutôt que de se pencher sur son démantèlement chez lui… ».

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