« L’argent sale est partout » : le cri d’alarme de trois juges européens

Jeudi 27 juin 2019

« L’argent sale est partout » : le cri d’alarme de trois juges européens

Vingt-trois ans après l’« appel de Genève » lancé par sept magistrats européens pour réclamer une coopération plus efficace contre la corruption, le Français Renaud Van Ruymbeke, le Belge Michel Claise et l’Italien Gherardo Colombo, réunis par « l’Obs », mettent en garde contre la dislocation de l’Europe de la justice.

Par Mathieu Delahousse et Propos recueilis par Publié le 27 juin 2019 à 07h00

C’est une rencontre inédite au cœur du vieux palais de justice de Paris, sur l’île de la Cité. Dans la salle d’audience qui, avant le déménagement du tribunal, abritait « la chambre de la presse », le Français Renaud Van Ruymbeke, le Belge Michel Claise et l’Italien Gherardo Colombo, trois grands magistrats européens spécialisés dans les affaires sensibles, sont réunis par « l’Obs ». Les lieux ont été ouverts exceptionnellement par la cour d’appel de Paris. Les trois hommes s’installent à la place des juges. Leurs expériences et leurs visions du monde se confrontent.

« Winter is coming », a récemment lancé André Potocki, juge français à la Cour européenne des droits de l’homme. Selon lui, en Europe, des droits fondamentaux sont discutés, critiqués et même largement ignorés. En vos domaines, êtes-vous si pessimistes ?

Michel Claise Comme professionnels de la criminalité financière, nous ne pouvons qu’être camusiens, c’est-à-dire des hommes révoltés. Un constat d’échec existe. Nos trois pays sont touchés par ce même phénomène d’impéritie de nos gouvernements et de pouvoir judiciaire qui s’effondre. Chez nous, c’est une catastrophe. A l’image du palais de justice de Bruxelles qui part en lambeaux, nous vivons un long, très long pourrissement.

Gherardo Colombo Je suis pessimiste parce qu’à mon sens, nous donnons trop d’importance à l’œuvre de la seule justice, alors que nos problèmes ne seront jamais Lire la suite.

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