L’ex-PDG de Smoby réfute les soupçons de fraude

Lundi 22 octobre 2007 — Dernier ajout dimanche 21 octobre 2007

L’ex-PDG de Smoby réfute les soupçons de fraude

CATHERINE MAUSSION

QUOTIDIEN : samedi 20 octobre 2007

« Je suis l’objet d’une campagne de rumeurs et de fausses informations. » Vendredi, Jean-Christophe Breuil, l’ex-PDG du fabricant de jouets Smoby, en redressement judiciaire depuis le début du mois, s’est expliqué sur l’écheveau de sociétés écrans entre Hongkong, les Caraïbes et l’île de Man… (Libération du19 octobre). Une opacité qui vaut au petit-fils du fondateur d’être sous le coup d’une information judiciaire ouverte à la mi-juillet. Jean-Christophe Breuil a donc été obligé de lever un coin du voile sur de drôles de pratiques, « banales », selon lui, puisque « Carrefour en fait autant », dans le commerce avec l’Asie. Il en va ainsi de la coquille Effective Label Limited, créée à la fin des années 90, possédée par des dirigeants de Smoby, et zappée dans les comptes annuels de l’entreprise. Jusqu’à sa résurrection subite dans l’organigramme du groupe en mars, quand MGA rachète 52 % du capital de Smoby à la famille Breuil, pour 1 euro.

Jean-Christophe Breuil n’a pas éludé la question gênante. Bien au contraire : « Dans les années 90, tous les gens qui allaient acheter dans cette région du monde passaient par une société de trading, [un intermédiaire commercial, ndlr] et mettaient en place une structure pour les achats et la négociation. » Sinon, impossible de faire des affaires avec la Chine. L’ex-PDG assure encore « qu’aucun résultat ni dividendes n’ont jamais été distribués », et que si le carré maudit des domiciliations douteuses – canton de Berne, île de Man… – apparaît, c’est qu’il s’agit de « sociétés packagées » . Autrement dit de montages tous faits et courants pour ce genre d’activité. Mais encore une fois, « les comptes sont aujourd’hui réintégrés », et s’ils n’ont pas été déposés au tribunal de commerce jusqu’à tout récemment, « ils sont disponibles », a assuré Jean-Christophe Breuil.

Même dénégation de malversations concernant les 18 cartes de crédit fonctionnant sur les comptes de l’entreprise, sans le détail de notes de frais. « 18 cartes de crédit pour 70 cadres circulant dans le monde, c’est plutôt peu », a fait valoir l’héritier Smoby, qui a dit ne jouir que d’une seule. « A qui profite la manipulation et qui veut la mort de Smoby ? », s’est interrogé tout haut l’ex-PDG. Sans qu’elle soit nommée, les propos tenus font penser à la Deutsche Bank. Elle est devenue le premier créancier de la société après avoir racheté des créances isolées, et s’est portée candidate à la reprise en mars. Mais c’est l’américain MGA, plus rapide, qui a mis la main sur le capital, avec l’assentiment des Breuil. Mais ce n’est pas la seule piste. « Smoby suscite beaucoup de convoitises du côté de nos concurrents mondiaux », dit l’héritier.

Sous le coup d’un redressement judiciaire, Smoby est aujourd’hui sur la sellette. Si MGA n’amène pas de solutions crédibles de continuation, un ou plusieurs repreneurs peuvent se manifester. Et Smoby pourrait être découpée en rondelles. Le risque d’un éclatement de la société, déjà morcelée, est aujourd’hui bien réel.

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