L’île de Man se défend d’être un paradis fiscal

Samedi 29 novembre 2008 — Dernier ajout jeudi 19 mars 2009

Crise financière

L’île de Man se défend d’être un paradis fiscal

Publié le : 28.11.2008 | 09h06

Placée par la crise financière dans la ligne de mire du gouvernement britannique pour son attractivité fiscale, l’île de Man rejette avec force l’étiquette de paradis fiscal et assure respecter les critères internationaux de transparence.

Petite bande de terre en mer d’Irlande balayée par les vents, l’île de Man évoque pour le profane une station balnéaire anglaise classique. C’est oublier les quelque 54 milliards de livres (64 milliards d’euros) de dépôts détenus dans ses banques offshores.

Derrière les lisses façades des habitations du front de mer à Douglas, la capitale, plus d’une quarantaine de banques prospèrent grâce à la fiscalité avantageuse proposée par cette dépendance de la Couronne britannique.

Tributaire il y a encore 30 ans de son agriculture et du tourisme, l’île, située entre l’Irlande et le nord-ouest de l’Angleterre et peuplée de 82.000 habitants, repose désormais sur son secteur financier.

Mais avec la crise financière, son statut a attiré l’attention. Le Président américain élu Barack Obama a ainsi qualifié de « problème », auquel il entend s’attaquer, les 40 paradis fiscaux de la planète.

Et début octobre, 17 pays occidentaux ont demandé à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) de « réactualiser » d’ici à mi-2009 sa « liste noire » des pays « non-coopératifs » en matière fiscale et judiciaire.

Vidée de sa substance au fil des ans, cette liste ne comprend plus que l’Andorre, Monaco et le Liechtenstein.

Mais les autorités de l’île nient que le label de paradis fiscal puisse lui être appliqué et se disent rigoureusement scrupuleux en matière de régulation financière.

Le secrétaire d’Etat au Trésor de l’île Allan Bell explique à l’AFP qu’il serait « extrêmement déçu » si elle était incluse dans la nouvelle « liste noire » de l’OCDE.

« Nous sommes une juridiction transparente, hautement régulée et qui coopère pleinement », déclare M. Bell. « Nous n’avons aucun secret bancaire et n’avons pas l’intention de l’introduire. »

L’OCDE a effectivement fait l’éloge de l’île pour avoir signé des conventions d’échanges de renseignements fiscaux avec 11 pays, dont la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.

Des centres financiers offshore, l’île est celui à avoir signé le plus grand nombre de ces conventions, qui permettent de garantir le respect des normes de l’OCDE en matière de transparence et d’échanges de renseignements à des fins fiscales.

Mais la vulnérabilité de l’île a été démontrée par la chute de la filiale britannique de la banque islandaise Kaupthing, qui a provoqué des frictions entre la Grande-Bretagne et l’Islande.

A la grande colère du gouvernement autonome de l’île de Man, Londres a bloqué 550 des 850 millions de livres en dépôt à la filiale de Kaupthing sur l’île. Le gouvernement britannique a autorité sur toutes les questions de politique étrangères concernant l’île.

Aux yeux de Londres, protéger les épargnants britanniques inquiets a priorité sur les besoins des déposants de l’île.

Le ministre britannique des Finances Alistair Darling a prévenu lundi que l’île de Man ne pouvait continuer à attirer des banques avec sa basse fiscalité sans contribuer au budget britannique tout en espérant que Londres garantisse les dépôts des épargnants de l’île en cas de crise.

« On ne peut pas attendre que le contribuable britannique soit celui qui se porte garant en dernier ressort », a déclaré M. Darling, qui a demandé un rapport sur les « accords régulatoires » avec l’île, attendu au printemps 2009.

Le chef du gouvernement de l’île, Tony Brown, s’en est réjoui. « Nous accueillons cet exercice comme une nouvelle opportunité de montrer que l’île est bien régulée, financièrement stable et internationalement responsable », a-t-il déclaré.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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