La fin des demi-dieux

Mardi 12 juin 2001 — Dernier ajout samedi 16 juin 2007

12 juin 2001

La fin des demi-dieux

Souvenez-vous, c’était fin 1999, en Russie. Vladimir Poutine arrive au pouvoir et son premier geste est de protéger son prédécesseur d’éventuels ennuis judiciaires. On ne sait jamais comment les choses vont tourner, mieux vaut se couvrir. Le nouveau président par intérim signe alors un décret qui accorde l’immunité à l’ancien chef de l’Etat. Boris Eltsine peut couler une retraite tranquille dans sa datcha. Enfin, presque.

Moscou, Caroline Olive

Le projet de loi initial prévoyait une immunité totale pour les anciens chefs d’Etat, mais Vladimir Poutine n’a jamais pu le faire accepter. Même Mikhaïl Gorbatchev, le dernier dirigeant soviétique, s’était insurgé contre ce texte qui revenait à traiter les ex-dirigeants en demi-dieux. La loi a finalement été votée, mais les députés ont imposé des restrictions, notamment en cas de blanchiment d’argent à grande échelle.

Il faut dire qu’en décembre 1999, à l’époque du décret présidentiel, Boris Eltsine et sa famille étaient directement menacés par une grosse affaire, celle de la rénovation du Kremlin.

Un procureur, Iouri Skouratov avait ouvert une enquête sur la corruption présumée dans l’administration présidentielle, avant d’être écarté un an plus tard. Depuis, le dossier a d’ailleurs été classé par le parquet russe, mais en Suisse la justice genevoise continue son travail. Elle a inculpé Pavel Borodine, l’ancien intendant du président. L’homme est soupçonné d’avoir reçu 25 millions de dollars de pots-de-vin de la part de deux sociétés, Mabetex et Mercata, chargées des travaux de rénovation du Kremlin.

Au début de l’année, Pavel Borodine a été arrêté aux Etats-Unis, avant d’être extradé vers la Suisse. Remis en liberté sous caution, il pourrait être condamné à une peine légère, et malgré le peu de coopération des Russes, l’affaire Mabetex n’est pas terminée.

Le parquet de Genève parviendra peut-être un jour à prouver que Pavel Borodine a mis ses comptes bancaires à la disposition de la famille de Boris Eltsine, une famille qui n’est pas protégée par l’immunité, réservée aux seuls présidents.

Accents d’Europe

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