Le Congo-Brazzaville n’en a pas fini avec ses dettes cachées

Jeudi 11 juillet 2019

Le Congo-Brazzaville n’en a pas fini avec ses dettes cachées

Une créance réclamée par l’entrepreneur de BTP Mohsen Hojeij complique encore le dossier du pays qui négocie un plan d’aide avec le FMI.

Par Joan Tilouine Publié aujourd’hui à 15h13, mis à jour à 15h14

Le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) se réunit, jeudi 11 juillet, pour décider d’un éventuel plan de soutien au Congo-Brazzaville. Ce pays d’Afrique centrale, riche en pétrole et en bois, est néanmoins criblé de dettes opaques et toxiques contractées auprès de partenaires, comme la Chine, et de géants du négoce de l’or noir tels que Glencore et Trafigura. A cela s’ajoute une créance réclamée par un entrepreneur depuis trois décennies et dont le montant s’élève aujourd’hui à 1,2 milliard d’euros, soit près de 15 % du produit intérieur brut (PIB) du Congo.

[…] Le Congo-Brazzaville est dirigé depuis plus de trente-deux ans par Denis Sassou-Nguesso et son clan, visés par des enquêtes judiciaires en Italie et en France notamment, pour des présumés « blanchiments de détournements de fonds publics » importants. Malgré le train de vie fastueux de ses dirigeants soupçonnés de corruption à grande échelle, près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. Et le pays cumule les dettes sans toujours l’admettre ou en s’efforçant de les dissimuler. En août 2017, acculé, Brazzaville a fini par confier au FMI avoir menti sur le montant de son endettement qui s’élevait à 120 % du PIB – et non pas à 77 %. En avril 2018, le Fonds a conditionné son soutien à la mise en œuvre de « réformes audacieuses et immédiates dans le domaine de la gouvernance ».

Le Congo-Brazzaville a largement abusé de préfinancement pétrolier ces dernières années, une pratique qui consiste à hypothéquer une partie de sa production pendant plusieurs années, en échange d’argent frais. Le tout en s’adonnant à des pratiques corruptives présumées mises en lumière par des enquêtes judiciaires suisses concernant la société genevoise Gunvor, et italiennes visant la multinationale Eni. De son côté, le géant français Total s’est permis d’aider le Congo à se refinancer en 2003, via de complexes circuits financiers offshore, pour mieux échapper à la vigilance du FMI, comme l’avait révélé Le Monde en mai 2018. Lire la suite.

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