Le groupe BNP Paribas visé par une plainte pour « complicité de génocide » au Soudan
Deux ONG et neuf rescapés de violences perpétrées depuis le début des années 2000 accusent la banque d’avoir contribué à maintenir en place le régime d’Omar Al-Bachir.
Par Raphaël Dupen Publié aujourd’hui à 16h18, mis à jour à 17h29
Complicité de torture, de crimes contre l’humanité, de génocide, blanchiment d’argent et recel de produits d’activités criminelles au Soudan. Telle est la liste des accusations égrenées, notamment par la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), à l’encontre de la banque française BNP Paribas.
Jeudi 26 septembre, neuf Soudanais soutenus par la FIDH et l’ONG Project Expedite Justice ont déposé une plainte avec constitution de partie civile contre BNP Paribas devant le doyen des juges d’instruction du tribunal de grande instance de Paris. Les avocats de la FIDH ont recueilli les témoignages de ces victimes de torture, de crimes contre l’humanité et de génocide perpétrés au Soudan depuis le début des années 2000. Les plaignants demandent à la justice française d’ouvrir une enquête pénale portant sur les agissements de la banque de 2002 à 2008. Ils reprochent à BNP Paribas d’avoir continué, pendant cette période, de délivrer des services bancaires au gouvernement soudanais, et ce malgré des sanctions édictées par l’ONU, les Etats-Unis et l’Union européenne en raison de graves crimes de guerre et contre l’humanité, notamment au Darfour.
[…] La banque déjà condamnée aux Etats-Unis
Pour les auteurs de la plainte, trois soupçons pèsent lourdement sur le groupe bancaire : il aurait facilité l’octroi de crédits au Soudan, permis l’exportation de son pétrole et donné au régime d’Omar Al-Bachir un accès aux marchés monétaires étrangers, contribuant ainsi à le maintenir en place. « Derrière les crimes et massacres les plus graves, il y a toujours de l’argent », confie Patrick Baudouin, avocat et président d’honneur de la FIDH. « Nous appelons les autorités judiciaires françaises à ouvrir au plus vite une information judiciaire afin de déterminer si BNP peut être considéré comme pénalement responsable pour avoir traité avec les autorités soudanaises », a aussi déclaré Michel Tubiana, avocat et président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme (LDH). Lire la suite.