Le groupe pétrolier Roussneft se débat dans la toile judiciaire russe

Samedi 11 août 2007

11/08/2007 11:14

MOSCOU (AFP) - Le groupe pétrolier Roussneft se débat dans la toile judiciaire russe

Le groupe pétrolier russe Roussneft, dix jours après la fracassante démission de son patron, a semblé s’empêtrer davantage dans la toile de la justice cette semaine, mais des analystes estiment que son cas, moins politique que l’affaire Ioukos, est désormais scellé.

Les événements se sont précipités cette semaine pour cet important producteur indépendant (à ne pas confondre avec le numéro un public du pétrole russe Rosneft), contrôlé jusqu’ici par son fondateur et désormais ex-patron, Mikhaïl Goutseriev.

Le ministère russe de l’Intérieur, qui accuse le groupe et M. Goutseriev de fraude fiscale et d’activités illégales, avait lancé dans deux tribunaux distincts des procédures de saisie : il a obtenu gain de cause mercredi dans l’un d’entre eux.

Ce tribunal "a donné son accord à la saisie de 100% des actions de l’entreprise. A l’heure actuelle, les actions de Roussneft sont saisies", a annoncé le ministère de l’Intérieur. Le fisc réclame 48,7 millions d’euros à Roussneft.

Le feuilleton s’est poursuivi le lendemain, lorsque Roussneft s’est vu interdire par le service russe de surveillance des marchés financiers de procéder à une émission d’actions qui aurait doublé son capital, faute d’avoir respecté les procédures légales.

La presse russe relève vendredi qu’une telle négligence de la part d’une entreprise comme Roussneft est étonnante, voire suspecte, c’est-à-dire qu’elle pourrait être liée aux négociations en cours avec le racheteur déclaré des parts de M. Goutseriev, le milliardaire proche du Kremlin Oleg Deripaska.

Par ailleurs, la structure de l’actionnariat de Roussneft est loin d’être limpide, souligne le quotidien Kommersant.

Parallèlement, le tribunal qui avait annoncé la saisie des titres de Roussneft a indiqué vendredi que le groupe allait faire appel de sa décision, a indiqué l’agence Interfax.

Mais pour Konstantin Batounine, analyste de la banque Alfa à Moscou, ces remous judiciaires ne sont probablement que d’ultimes convulsions, censées permettre au gouvernement de "sauver la face" en montrant qu’il va jusqu’au bout des procédures.

A moins qu’ils ne constituent « une garantie » que M. Goutseriev ne revienne pas sur l’accord déjà conclu avec M. Deripaska, estime-t-il.

L’analyste se dit « 100% convaincu » que ce qui arrive à Roussneft et à son ancien patron est exclusivement dû au fait qu’il a « entrepris quelque chose qui a déplu » ou qu’il a « offensé quelqu’un » en vue.

Il en veut pour preuve le fait que Roussneft, il y a moins de deux ans, se comportait encore comme « un groupe qui bénéficie d’un fort soutien » politique, ce qui n’était en revanche pas le cas de Ioukos, qui s’est toujours placé « en opposition frontale au régime (du président russe Vladimir) Poutine ». Ioukos est aujourd’hui démantelé et son patron Mikhaïl Khodorkovski en prison.

Un autre analyste du secteur, qui a requis l’anonymat, est aussi d’avis que pour Roussneft, il s’agit d’un cas « personnel », et évoque des rumeurs selon lesquelles M. Goutseriev aurait réussi à mettre la main sur certains actifs lors de son départ de sa précédente entreprise, Slavneft, portant préjudice au passage à des personnages importants.

Quant à l’oligarque Deripaska, actuellement présent sur tous les fronts économiques en Russie, son rôle dans l’affaire Roussneft se réduirait à celui « d’intermédiaire », estime M. Batounine.

"Son rôle est d’acheter (le groupe) et de le conserver jusqu’à ce que quelqu’un le rachète« , estime-t-il, ajoutant qu’il ne serait »pas surpris" s’il s’agissait de l’un des groupes publics Gazprom ou Rosneft.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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