Les oligarques russes et la Suisse

Jeudi 19 mai 2022

Les oligarques russes et la Suisse

Oligarques.ch

Public Eye a passé au crible les liens qu’une trentaine de richissimes hommes d’affaires, soutiens du régime de Vladimir Poutine, entretiennent avec la Suisse. Oligarques nés à l’époque de Boris Eltsine, anciens camarades ou proches du président devenus milliardaires : tous disposent entre Genève et Zoug de sociétés, comptes en banque ou propriétés. Preuve une fois de plus du rôle central joué ces trois dernières décennies par la « base arrière suisse ».

Agathe Duparc et Robert Bachmann, 9 mai 2022

Sale temps pour les oligarques ! Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’aréopage presque exclusivement masculin des grandes fortunes russes ne sait plus à quel saint se vouer, et les contorsions sont maximales pour tenter de sauver sa fortune. Ici en vendant à la sauvette ses parts au sein d’un groupe sans que l’on sache qui en est réellement le nouveau propriétaire ; là en les transmettant à des proches ou aux managers de l’usine. Mais alors que les atrocités de l’armée russe se poursuivent contre les populations civiles en Ukraine, la liste des sanctions continue de s’allonger, dans certains cas jusqu’aux femmes et enfants des oligarques, autrefois un refuge efficace.

Signe que les temps sont graves : même la Suisse s’est résignée à suivre le mouvement alors qu’elle avait jusqu’ici ouvert grand ses banques, offert en gage sa neutralité et mis à disposition des milliardaires russes une armada de professionnel∙le∙s pour combler leurs désirs. Certes, les efforts restent poussifs. À ce jour, seuls 6,3 milliards de francs d’actifs russes ont été saisis en Suisse, dont quelques propriétés de luxe. C’est peu, en comparaison des estimations fournies par l’Association suisse des banquiers (ASB), qui parle de 150 à 200 milliards de francs (214 milliards USD) déposés dans les établissements helvétiques. Une certaine confusion règne également pour savoir qui des cantons ou du Secrétariat d’État à l’Économie doit prendre l’initiative du blocage des avoirs. Ce dernier a publié un aide-mémoire. En Europe et aux États-Unis, des taskforces et des initiatives ont été mises en place pour traquer les biens des oligarques, dans l’espoir d’assécher la machine de guerre de Poutine et de susciter des oppositions au sein de l’élite russe. La Suisse semble hésitante : début avril, un premier contact aurait eu lieu avec la taskforce de l’UE et des G7 selon le DFAE, depuis lors pas de nouvelles. Lire la suite.

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