Multinationales. Les Pays-Bas, paradis européen des petits malins

Mercredi 5 juillet 2017

Multinationales. Les Pays-Bas, paradis européen des petits malins

Modifié le 04/07/2017 à 15:30 | Publié le 04/07/2017 à 15:30

La Haye. De notre envoyée spéciale Christelle Guibert.

Depuis 1973, l’organisation non gouvernementale Somo dénonce les pratiques financières de son pays. En vain, pour l’instant. Les Pays-Bas, membre fondateur de l’Union européenne, se sont encore hissés à la troisième place sur la liste mondiale des paradis fiscaux, en 2016.

« Les dossiers s’empilent », s’excuse Katrin McGauran, en dégageant les documents de son bureau, situé dans une vieille maison, en dehors du centre-ville cossu de La Haye, la capitale. Sur le haut de la pile, le « Fool’s gold », le cas d’une mine d’or exploitée en Grèce par une entreprise canadienne, Eldorado Gold. « Un exemple pour vous expliquer le sandwich hollandais », petite leçon d’optimisation fiscale.

Eldorado Gold et ses trois filiales grecques creusent, trouvent et vendent de l’or. Mais les bénéfices passent par douze entreprises « boîtes aux lettres » enregistrées aux Pays-Bas, font un crochet par la Barbade, avant d’atterrir au Canada. Un montage financier légal, qui a permis de soustraire au fisc grec environ 1,7 million d’euros d’impôts sur les sociétés, et 700 000 € de cotisations sociales. Il y a pire. De la même façon, le pauvre Malawi a perdu 27,5 millions de dollars de recettes fiscales ces six dernières années, selon ActionAid.

Nuée de cabinets conseils

La Hollande est au cœur du sandwich. « Nous avons répertorié plus de 23 000 boîtes aux lettres, gérées par au moins 130 truskantoor. » Le mot néerlandais pour trust found en anglais, société fiduciaire en français, « des cabinets de conseil en évitement fiscal », décrypte Katrin McGauran.

De nombreuses multinationales, françaises comprises, y ont recours. Six des dix plus gros fabricants d’armes (dont l’américain Lockheed Martin) ont des structures néerlandaises - avec le minimum de personnel, parfois zéro - pour profiter du régime « maison mère - filiale » : aucune taxation imposée sur les dividendes et les plus-values de cession des holdings. Ces investissements étrangers disposent de jolies plaques de cuivre dans Amsterdam Zuidas, la petite « city » néerlandaise, idéalement située à un jet de transport de l’aéroport international de Schiphol. Lire la suite.

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