Panama papers : un repenti genevois parle

Dimanche 17 avril 2016

Scandale financier

Panama papers : un repenti genevois parle

13 avril 2016

Il a accepté de nous rencontrer, après avoir longuement hésité, mais à la stricte condition de rester anonyme. Avocat connu et respecté, spécialisé dans le domaine financier et bancaire, il se retrouve touché, comme une bonne partie de ses confrères, par le scandale des « Panama papers », ces sociétés offshore créées pour permettre aux riches de camoufler leur argent et d’échapper ainsi au fisc de leur pays.

« Il m’est arrivé de créer des sociétés offshore au Panama ou ailleurs pour des clients qui le souhaitaient, explique notre témoin, un avocat genevois repenti. Je vous rappelle que c’est une activité tout à fait légale. Mais je n’ai jamais centré mon activité sur la création de sociétés offshore, contrairement à certains de mes confrères. Il faut se rendre compte que c’est un modèle économique très lucratif : vous pouvez gagner des sommes considérables en ne faisant quasiment rien. J’ai le souvenir d’un confrère décédé brusquement, il y a une quinzaine d’années : il n’avait même pas 50 ans et on a retrouvé 30 millions de francs sur ses comptes ! J’en connais un autre qui a amassé, en vingt ans, au moins 50 millions de francs ! »

Notre interlocuteur, pour sa part, est resté plus modeste. « J’ai dû avoir, au maximum, une trentaine de société offshore pendant quelques années. Ce n’est rien par rapport à certaines études genevoises qui en gèrent des centaines ou même parfois 2000 ou 3000, voire plus. Je me rappelle qu’au début, ça me payait le loyer de mon étude. Ca devait me rapporter entre 100.000 et 150.000 francs par année. Mais j’ai arrêté il y a quinze ans, parce que je sentais que ça devenait dangereux. »

Pour les avocats genevois qui ont continué, les gains ont atteint des sommets, poursuit notre interlocuteur : l’avocat paie en effet 500 ou 600 francs pour acheter une société offshore et, comme il en devient l’administrateur, il va facturer ensuite des honoraires à son client. Au moins 2000 ou 3000 francs par année, mais souvent beaucoup plus, jusqu’à 10.000 francs et bien au-delà ! « 1000 offshores à 2000 ou 3000 francs, remarque notre interlocuteur, ça fait déjà 2 à 3 millions de francs par année pour l’avocat ! »

Retrouvez l’intégralité de cet article dans L’illustré n°15, disponible

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