Paris a oublié Nelson Mandela

Lundi 23 juillet 2018

Paris a oublié Nelson Mandela

17 juil. 2018 Par jacqueline derens Blog : Le blog de jacqueline derens

Nelson Mandela aurait eu cent ans ce 18 juillet 2018. Son pays, ce fameux pays arc-en-ciel, s’apprête a commémoré dignement le héros national et à Londres et Amsterdam, pays où les mouvements anti apartheid étaient particulièrement forts, deux expositions vont retracer sa vie et la lutte de son peuple contre l’infamie. A Paris, rien. Un oubli sans doute…

Nelson Mandela a été accueilli comme chef d’état par son homologue français le Président Jacques Chirac, le 14 juillet 1996 ; une réception à la mairie de Paris, dont le maire était alors Jean Tiberi, avait ouvert son salon d’honneur pour rendre hommage au premier président noir d’Afrique du Sud. Mais ce que l’on sait moins, c’est que Nelson Mandela avait demandé de pouvoir rendre hommage à sa compatriote Dulcie September, assassinée à Paris le 29 mars 1988. A sa demande, il s’était rendu à Arcueil, petite ville de la banlieue parisienne qui avait accueilli à bras ouverts la responsable de l’ANC, de son arrivée à Paris à sa mort tragique.

Pour avoir été présente à cette cérémonie à Arcueil, avoir pu écouter son discours simple et émouvant pour évoquer la lutte de son peuple et ses femmes et hommes ayant sacrifié leur vie à une cause juste, je suis attristée de voir combien l’oubli a englouti les pages les plus glorieuses de l’histoire récente. Sans la victoire du peuple sud-africain pour mettre un terme au système de l’apartheid, le 20e siècle serait une suite de guerres, de massacres, de génocides. Au moment où l’Afrique du Sud tournait définitivement la page de son passé d’ignominie, en avril 1994, au Rwanda des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants étaient massacrés.

[…] Si l’Afrique du Sud est aujourd’hui le pays le plus inégalitaire du monde, les hommes politiques qui ont succédé à Mandela n’y sont pas pour rien : enrichissement personnel éhonté (les chats gras !) ; népotisme et corruption à tous les étages du pouvoir pendant les années Zuma. La corruption pratiquée à grande échelle sous l’apartheid pour contourner les sanctions (voir mon blog sur le livre de Hennie van Vuuren : Apartheid, guns and money) est une pratique qui n’a pas disparue, et les corrupteurs sont toujours les mêmes : les multinationales, les grands groupes privés, les marchands d’armes. Thalès et sa filiale sud-africaine sont impliqués dans le scandale de la vente d’armes et matériel militaire à l’Afrique du Sud, scandale qui vaut à Jacob Zuma sa comparution devant les tribunaux. Est ce pour cela et parce que les assassins de Dulcie September courent toujours, que ce soir, la Tour Eiffel ne sera pas illuminée aux couleurs de l’Afrique du Sud ?

Source de l’article.

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