USA : un rapport du Sénat accuse un fonds d’avoir fait flamber les prix du gaz

Mardi 26 juin 2007 — Dernier ajout vendredi 27 mars 2009

USA : un rapport du Sénat accuse un fonds d’avoir fait flamber les prix du gaz

Par Par Antoine AGASSE

mar 26 jui, 8h33

NEW YORK (AFP) - Un rapport parlementaire a mis en lumière lundi le rôle d’un fonds spéculatif (hedge fund) dans la flambée des prix du gaz naturel aux Etats-Unis pendant l’été 2006 et a appelé à des mesures législatives afin d’éviter une récidive.

Le fonds en question, Amaranth Advisors, s’était illustré en septembre 2006, en s’écroulant après avoir perdu plus de six milliards de dollars en une semaine. En cause : les mauvais paris réalisés sur les cours du gaz naturel par son courtier star de 32 ans, Brian Hunter.

Or, avant sa chute, Amaranth était le « spéculateur dominant » sur le marché américain du gaz naturel, souligne ce rapport, réalisé par la commission d’enquête du Comité sur la sécurité intérieure et les affaires gouvernementales du Sénat.

"Amaranth a détenu jusqu’à 100.000 contrats de gaz naturel, représentant 28 milliards de mètres cubes de gaz naturel, soit 5% de tout le gaz naturel utilisé aux Etats-Unis pendant une année", indique-t-il.

Les spéculations « à grande échelle » de ce « hedge fund » ont ainsi entraîné une flambée des cours à l’été 2006, alors même que « les fondamentaux de l’offre et de la demande étaient largement inchangés ».

Ainsi, les prix sont montés jusqu’à 8,45 dollars/Mbtu (million de british thermal unit) fin juillet avant de retomber à 4,80 dollars quand Amaranth a commencé à se dégager de ses positions à risque.

Cette situation a été rendue possible, selon les rédacteurs, en raison du "vide juridique Enron" qui dispense de contrôle administratif les plate-formes électroniques d’échange, telles que l’Intercontinental Exchange d’Atlanta (ICE).

Cette dispense avait été incorporée en dernière minute dans une loi votée en 2000, à la demande expresse d’Enron, selon eux. Le courtier en énergie a fait faillite fin 2001 à la suite de malversations comptables orchestrées par ses dirigeants.

Ce vide législatif a donc permis à Amaranth de transférer ses positions sur la plate-forme de l’ICE quand il a été rappelé à l’ordre pour ses paris trop massifs effectués sur le marché du New York Mercantile Exchange (Nymex), qui est lui soumis à la surveillance des régulateurs.

Résultat : "les acheteurs de gaz naturel durant l’été 2006 (…) ont payé des prix gonflés en raison de la spéculation à grande échelle d’Amaranth« , note le rapport. »Des sociétés, telles que des services publics, ont dû soit absorber ce coût supplémentaire soit le répercuter sur le consommateur final, comme les usagers résidentiels qui ont payé des factures de chauffages plus élevées.« Or, »le gaz naturel est une source d’énergie vitale pour les Etats-Unis« , assure le sénateur démocrate Carl Levin, président de la commission d’enquête. »Il chauffe la majorité des foyers américains, est utilisé pour le ramassage des récoltes et alimente 20% de nos centrales électriques.« Pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise, le rapport appelle notamment à combler le »vide juridique Enron« et à accroître le budget de la Commodity Futures Trading Commssion (CFTC), le régulateur américain des marchés de matières premières. »Le cas Amaranth n’est pas juste l’histoire d’un simple « hedge fund » dominant le marché, mais celle d’un système de régulation défaillant qui a laissé les marchés énergétiques à la merci de tout courtier disposant de ressources suffisantes pour altérer les prix de l’énergie", conclut le rapport.

« Pour arrêter les abus, il faut ramener le gendarme sur les marchés énergétiques avec des instruments plus robustes afin de stopper la manipulation des prix et la spéculation excessive », souligne pour sa part Carl Levin.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

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