Un ex-procureur suisse affirme être menacé par les renseignements serbes

Dimanche 10 avril 2022

Un ex-procureur suisse affirme être menacé par les renseignements serbes

Un ex-procureur suisse réputé pour ses enquêtes internationales, y compris sur le trafic d’organes au Kosovo, a révélé être menacé de mort par des « milieux des services de renseignement serbes », et vivre sous protection policière.

Agence France-Presse

10 avril 2022 à 11h48

Un ex-procureur suisse réputé pour ses enquêtes internationales, y compris sur le trafic d’organes au Kosovo, a révélé être menacé de mort par des « milieux des services de renseignement serbes », et vivre sous protection policière.

« Le 18 décembre 2020, j’ai reçu un appel de la police qui m’informait que j’étais menacé de mort et m’annonçait que j’allais être mis immédiatement sous haute protection policière », a indiqué M. Marty, dans une émission qui doit être diffusée dimanche soir à la télévision suisse RTS.

Sa maison est truffée de caméras et équipée d’alarmes et d’une pièce sécurisée, une « safe room », où Dick Marty doit se réfugier en cas d’attaque.

Interrogé par l’AFP, le Ministère public de la Confédération - le bureau du procureur général - a confirmé l’existence d’une « menace sérieuse » à l’encontre de l’ancien procureur général du canton du Tessin M. Marty depuis fin 2020, et la mise en place d’« un vaste dispositif de mesures ».

« Les mesures de sécurité et de protection sont toujours maintenues, raison pour laquelle - afin de ne pas nuire inutilement à leur efficacité - aucun détail n’est communiqué à ce sujet », a indiqué le MPC, sans donner de détails sur l’origine de la menace.

Selon M. Marty, « la menace vient de certains milieux des services de renseignement serbes qui ont demandé à la pègre, à des tueurs professionnels de me liquider tout simplement pour faire retomber la faute sur les Kosovars ».

Ancien rapporteur du Conseil de l’Europe, M. Marty a enquêté sur les centres de détention secrets de la CIA en Europe et sur des crimes présumés commis par l’ancienne guérilla kosovare de l’UCK dont un trafic d’organes prélevé sur des prisonniers essentiellement serbes à la fin des années 90.

Fin 2020, le tribunal spécial pour le Kosovo, instance de droit kosovar installée à La Haye par souci de protection des témoins et chargée d’enquêter sur les crimes présumés commis par l’UCK pendant et après le conflit de 1998-99, a inculpé de crimes de guerre l’ancien chef de l’UCK Hashim Thaçi, devenu président du Kosovo, et ce dernier a dû démissionner de son poste.

Le conflit (1998-1999), qui a fait 13.000 morts, a opposé, dans ce qui était à l’époque une province du sud de la Serbie, la guérilla indépendantiste aux forces serbes.

Selon un document du Ministère public de la Confédération que la RTS a pu se procurer, une source confidentielle aurait indiqué en 2020 aux services de renseignement suisses : « Dick Marty doit être assassiné sur ordre des services secrets serbes », et « afin de profiter de l’attention de la presse liée à l’inculpation de Hashim Thaci, le meurtre devrait être présenté comme étant imputable au gouvernement kosovar/albanais (ex-UCK) afin de le discréditer au niveau international. »

« Apparemment, un service étatique veut m’éliminer pour discréditer son adversaire, c’est absolument inacceptable », a déclaré à la RTS Dick Marty, qui estime que les autorités suisses devraient intervenir auprès de la Serbie.

Selon ses propos, les autorités judiciaires helvétiques auraient décidé « d’envoyer fin avril des policiers à Belgrade pour s’entretenir avec leurs collègues serbes », une mesure que l’ancien procureur tessinois juge insuffisante.

En général, les personnalités en Suisse bénéficient d’assez peu de mesures de sécurité par rapport à d’autres pays même si les autorités les ont durcies d’un cran face au mouvement antivax, très virulent depuis la pandémie de Covid.

Agence France-Presse

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