Terre des hommes libère des enfants exploités au Nigeria

Vendredi 12 octobre 2007

INTERNATIONAL : Terre des hommes libère des enfants exploités au Nigeria

Date de parution : Vendredi 12 octobre 2007

Auteur : Caroline Stevan

AFRIQUE DE L’OUEST. Des milliers de petits Béninois travaillent dans les carrières de l’Ouest nigérian voisin. L’organisation leur vient en aide.

Ils ont les genoux enflés et les mains esquintées d’avoir trop travaillé, le regard absent des gosses qui n’en sont plus depuis longtemps. Ils sont des milliers de petits Béninois exploités dans les carrières du Nigeria voisin. La semaine dernière, Terre des hommes (Tdh) a réussi a en libérer douze, après des mois de négociations. « Le plus jeune, âgé de 7 ans, avait beaucoup de fièvre, relève Abimbola Lagunju, délégué de l’ONG vaudoise au Bénin. Tous semblaient très soulagés d’être dehors, mais essayaient de ne pas le montrer aux adultes qui les accompagnaient. »

Pour parvenir à ces affranchissements, Terre des hommes a dû batailler ferme avec les autorités nigérianes et béninoises, les trafiquants d’enfants, les propriétaires des mines mais aussi les familles. « Il y a quatre ans, un règlement de compte entre trafiquants avait conduit à la libération de 200 enfants des carrières d’Abeokuta. Nous avions alors espéré que nous pourrions contribuer à en relaxer d’autres, admet Pierre Zwahlen, porte-parole de l’ONG. Mais c’était sans compter le dénuement des familles concernées qui trouvent, avec les carrières, une solution de survie pour leurs enfants pendant plusieurs années. »

Nourris de farine de maïs

Les jeunes, pour la plupart âgés de 10 à 15 ans, sont en général envoyés à Abeokuta pour une durée de six ans. Pris en charge par un parent « bienfaiteur ». Les familles pauvres placent traditionnellement leurs enfants chez des proches plus aisés, en échange d’une participation aux travaux domestiques ou agricoles. A Abeokuta, la participation est cyclopéenne et la prise en charge minime. Organisées en bandes, les petites mains passent d’un « trou » à l’autre, creusant sans relâche la roche pour en faire du gravier, lequel est ensuite expédié dans les chantiers de construction de Lagos, à une centaine de kilomètres.

Les enfants sont nourris de farine de maïs et de piment, dorment dans les carrières en pleine brousse. Le week-end, ils sont parfois expédiés aux champs. Les plus grands dirigent les petits, avant d’être progressivement associés au « business ». Tous les deux ans, ils rentrent au Bénin pour quelques jours. Leurs parents touchent alors 75 000 à 150 000 francs CFA (190 à 380 francs).

Le profit réalisé par les trafiquants - des Béninois de la région du Zou - est estimé à quelque 1 285 000 francs CFA (3300 francs) par année et par garçon. Les gamins, eux, auront droit à une radio ou un vélo en quittant la mine.

Terre des hommes a pour objectif le rapatriement de 1000 enfants de moins de 14 ans d’ici à deux ans et l’amélioration des conditions de vie pour les plus âgés, condamnés à rester dans les carrières. Dans les villages du Zou, Terre des hommes propose encore des apprentissages aux jeunes hommes, afin qu’ils puissent envisager un avenir lucratif autrement que dans les trous nigérians.

Les filles, elles, continuent à être envoyées à Lagos comme petites servantes ou prostituées.

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