L’affaire Ronaldinho empoisonne le PSG

Mercredi 9 mai 2007 — Dernier ajout mardi 21 avril 2009

L’affaire Ronaldinho empoisonne le PSG

JUSTICE.

L’ancienne star du PSG, aujourd’hui reconnue comme l’un des meilleurs joueurs du monde, se retrouve au centre d’un terrain de jeu judiciaire. Le juge Van Ruymbeke soupçonne des transferts de fonds occultes en marge de sa venue à Paris.

AU DEPART, c’était une belle histoire. Môme génial repéré à l’adolescence par Jean-Luc Lamarche, ancien directeur sportif du PSG, Ronaldinho n’avait pas la moindre chance de venir à Paris. Trop beau, trop cher, trop compliqué. Le club anglais de Leeds avait même proposé 80 millions d’euros. Une folie. Tous les clubs européens rêvaient d’obtenir le prodige. Pourtant, grâce à une opération financière, le Brésilien, qui deviendra champion du monde, a passé deux saisons au PSG. Comme tout génie, il a connu des passages à vide mais il a aussi souvent ébloui les supporters. Aujourd’hui, à Barcelone, il est considéré par ses pairs comme le meilleur joueur du monde. Cette belle histoire d’un gamin simple de Porto Alegre devenu star mondiale se retrouve à présent au cœur de la vaste enquête menée par le juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke sur les transferts du PSG entre 1998 et 2003. Depuis six mois, les enquêteurs ont établi le circuit financier très complexe.

Agents Fifa reconnus ou intermédiaires de circonstance, présidents, joueurs ou directeurs sportifs, tous les personnages de ce roman devraient être prochainement entendus. Le juge s’apprête aussi à lancer des commissions rogatoires internationales, notamment vers la Suisse, et envisagerait aussi de saisir le ministère des Finances pour obtenir communication des documents saisis lors de la perquisition chez Sportfive, dans le cadre de l’enquête de la Répression des fraudes déclenchée sur le football français. Combien a coûté le transfert du Brésilien ? Qui a perçu des fonds en marge de l’opération ? Y a-t-il eu des rétrocommissions, de la fraude fiscale ou des abus de biens sociaux ? Ces questions sont au cœur de l’enquête.

Une vaste gabegie

Depuis le 3 janvier, une information judiciaire est ouverte pour « abus de biens sociaux, complicité et recel ». Très officiellement, le PSG et Canal + se sentent victimes de malversations et offrent leur collaboration aux juges. Mis en cause aujourd’hui par Eric Lovey, conseiller de Ronaldinho, Francis Graille ne souhaite pas entrer dans la polémique.

Le président du PSG a d’autres dossiers brûlants qui lui occupent l’esprit (lire page 16) . Depuis deux ans, Laurent Perpère, président-délégué du club à l’époque, garde le même silence. Le 7 février, il a été entendu en qualité de témoin assisté par le juge Van Ruymbeke. L’ancien président a expliqué le contexte de l’époque. Au moment de la venue de Ronaldinho, le PSG rêvait de conquête européenne. Canal + valorisait le Championnat de France qu’il diffusait. Mais les résultats n’ont pas suivi et la valse des présidents, des entraîneurs et des joueurs a entraîné une vaste gabegie financière.

A son tour, le 17 février, devant le juge, Pierre Lescure, ex-président de Canal +, propriétaire du PSG, a également remis en scène le contexte de l’époque où les transferts s’envolaient.

Aujourd’hui, le temps de l’austérité est venu. Et l’heure des comptes a sonné. Président de Canal +, Bertrand Méheut a redressé les comptes de la chaîne cryptée et souhaite céder le PSG.

K.N. et L.V.

© Le Parisien , mercredi 16 mars 2005

Publié avec l’aimable autorisation du journal Le Parisien.

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Pour plus de précisions veuillez vous reporter aux rubriques suivantes :

1) l’interview de Denis Robert : le football est devenu une formidable machine à blanchir de l’argent ;

2) L’ouvrage de Denis Robert : « le milieu de terrain ».

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