Christian Chavagneux : « En France, la fraude fiscale coûte 50 milliards d’euros »

Vendredi 29 février 2008 — Dernier ajout samedi 3 juin 2017

Publié le 29-02-2008 10:02

Christian Chavagneux : « En France, la fraude fiscale coûte 50 milliards d’euros »

L’évasion fiscale dans les paradis fiscaux, au cœur du scandale qui secoue l’Allemagne actuellement, a de fortes répercussions sur l’économie. Explication de Christian Chavagneux, coauteur de Les Paradis fiscaux (éd. La Découverte).

photo / Christian Chavagneux Photo : DR.

L’enquête peut-elle déboucher sur la récupération d’une forte somme d’argent par le fisc ?

Pour l’instant, les allemands semblent avoir fait un excellent investissement puisqu’ils ont déboursé entre 4 et 5 millions d’euros pour obtenir des informations et en une semaine, ils ont déjà récupéré plus de 30 millions. En une semaine vous investissez 4 millions, vous en récupérez trente, c’est vraiment le placement financier de l’année. Les autorités allemandes vont récupérer beaucoup d’argent, pour les autres : anglaises, australiennes, françaises, elles sont en train de travailler sur les dossiers. On ne peut pas préjuger du résultat de leurs travaux.

On parle pour l’instant de particuliers, mais les entreprises aussi participent à la fraude fiscale. Quel est la part de chacun dans la fraude ?

Les paradis fiscaux fonctionnent selon le principe de l’opacité, du coup, on n’a pas d’estimations pointues sur les montants et la répartition. Ces pays, le Lichtenstein, et surtout la Suisse, offrent aux non-résidents des lois qui permettent de contourner les lois fiscales de leurs pays d’origine. Dans le cas de la Suisse, on est vraiment là au près du champion du monde de l’offre de services bancaires aux personnes les plus aisées, et notamment de l’offre de construction d’opacité. Le Lichtenstein, ce n’est pas grand chose dans ce domaine, c’est vraiment une annexe de la place bancaire suisse.

Quel impact a la fraude fiscale sur l’économie nationale ?

En France, on estime que la fraude fiscale coûte entre 40 et 50 milliards d’euros, c’est plus que le déficit budgétaire français. Si l’Etat avait eu cet argent, la France serait aujourd’hui en excédent budgétaire. Ca change tout en termes de dépenses publiques, en termes de politique économique.

Le président Sarkozy a dit qu’il était près à se battre y compris avec les dents pour aller chercher le point de croissance qui manque, là, on est sur une fourchette entre 2 et 3% de point de croissance, les enjeux économiques sont extrêmement importants. Il y a un gros manque à gagner, il ne s’agit plus simplement, de quelques personnes fortunées et de deux ou trois entreprises qui échappent au fisc. Pour les prochaines années, les grands Etats vont devoir de plus en plus s’attaquer aux paradis fiscaux car ils constatent que le vieillissement de leurs populations va fortement augmenter les dépenses de retraite, de santé etc. Ajoutez à ça la montée des pays comme la Chine ou l’Inde et la protection de l’environnement, tout ça va coûter beaucoup d’argent.

En face, quand on s’aperçoit qu’on perd des recettes fiscales qui sont entre 5 et 10 % du PIB, on se dit qu’il y a un gros manque à gagner.

Comment lutte-t-on ?

L’Europe est le premier territoire dans le monde, en termes de lutte contre les paradis fiscaux.

Lire la suite sur le site du journal Métro France.

Revenir en haut