Affaire Tuzzio : 12 mois avec sursis requis contre Dubiton, absence de Tapie regrettée

Vendredi 4 avril 2008 — Dernier ajout mardi 21 avril 2009

02/04/2008 20:15

AIX-EN-PROVENCE (AFP) - Affaire Tuzzio : 12 mois avec sursis requis contre Dubiton, absence de Tapie regrettée

[Pierre Dubiton, le 21 mars 2007 à Marseille - © 2008 AFP - Boris Horvat]

Une peine de 12 mois de prison avec sursis a été requise mercredi en appel contre l’ex-directeur de l’OM (L1), Pierre Dubiton, pour le transfert suspect de l’Argentin Eduardo Tuzzio en 2001, la défense regrettant l’absence de Bernard Tapie au procès.

La peine requise correspond à celle à laquelle avait été condamné M. Dubiton en première instance, en 2007. L’avocat général, Jules Pinelli, a cependant demandé à la cour d’appel d’Aix-en-Provence de retenir le chef d’abus de biens sociaux qui n’avait pas été pris en compte dans le jugement rendu en première instance.

Selon M. Pinelli, Dubiton était « véritable détenteur d’un pouvoir de gestion de fait », accordé par l’actionnaire du club de football marseillais Robert Louis-Dreyfus.

Il était « d’accord sur l’irrégularité » du transfert de Tuzzio alors qu’il avait « l’expérience pour ne pas tomber dans l’erreur », même dans le « volcan » qu’était l’OM à l’époque, a estimé l’avocat général.

M. Pinelli a également insisté sur « la mauvaise foi » et « l’intérêt personnel » de Dubiton, qui a reconnu à la barre sa seule « connerie » : avoir signé le transfert de Tuzzio du Servette Genève à l’OM en juillet 2001. « J’étais fatigué, c’était une période infernale », a déclaré Dubiton, aujourd’hui « mortifié » et qui a vivement chargé Tapie à l’audience.

Alors conseiller sportif du club français « où il était ingouvernable » dixit Dubiton, Tapie n’était pas poursuivi, pas plus que « RLD ». « C’est un procès orphelin », en a conclu Me André Soulier, un des avocats de la défense, tandis qu’un de ses confrères, Me Canonica, laissait entendre un intérêt financier de Tapie à l’opération, dont « l’homme-lige » Michel Coencas, devait ensuite racheter le Servette.

L’avocat général a par ailleurs requis 15 mois de prison ferme contre l’agent de joueurs Gilbert Sau, autre acteur-clé de ce dossier, assorti de 200.000 euros d’amende et d’une interdiction d’exercer durant 5 ans.

En première instance, Sau avait écopé de 9 mois ferme. Sans avocat, l’agent a clamé : "dans ce dossier, Monsieur Sau est comme le Bon Dieu, personne ne l’a jamais vu mais tout le monde le connaît !".

Il lui est reproché d’avoir participé au montage du transfert de Tuzzio à l’OM, via le Servette Genève, pour générer des commissions occultes au joueur et à l’ex-international Frank Lebœuf recruté concomitamment par l’OM, et pour échapper aux ponctions fiscales et sociales. Le coût du transfert était ainsi passé de 2,3 à 6,4 M EUR entre juin et juillet 2001.

Contre Lebœuf, poursuivi pour recel d’abus de bien sociaux après le paiement de 3 millions de francs sur un compte au Luxembourg, ont été requis six mois avec sursis.

Contre l’intermédiaire argentin Hector Bargas qui affirmait être propriétaire de 50% des droits sur Tuzzio, ce qui fit soudainement doubler le prix demandé au Servette, M. Pinelli a réclamé 18 mois avec sursis.

Contre Tuzzio lui-même, l’avocat général a requis 12 mois de prison avec sursis et la même peine contre les ex-dirigeants du club suisse, Christian Hervé et Patrick Trottignon. Ces derniers ont répété : « pour nous le transfert de Tuzzio n’était pas fictif du tout, car il devait jouer ».

Mais Tuzzio ne jouera jamais au Servette… Il signera à l’OM, concrétisant selon François Canonica, avocat de Christian Hervé, les "basses œuvres" de Tapie.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

Visitez le site de l’Agence France Presse.

Revenir en haut