La Suisse et la France pistent la « caisse noire » d’Alstom

Vendredi 9 mai 2008 — Dernier ajout samedi 10 mai 2008

La Suisse et la France pistent la « caisse noire » d’Alstom

NICOLAS CORI

Extraits d’un article mis en ligne sur le site du journal Libération :

QUOTIDIEN : mercredi 7 mai 2008

Alors qu’Alstom doit annoncer aujourd’hui ses résultats financiers, une affaire de corruption éclate. C’est le Wall Street Journal qui, hier, a révélé les faits. Une enquête concernant d’éventuels pots-de-vin versés par le groupe industriel entre 1995 et 2003 pour gagner des marchés en Amérique du Sud et en Asie est ouverte depuis plusieurs mois en Suisse et France.

Une information judiciaire a ainsi été ouverte le 7 novembre 2007 pour « corruption active d’agents publics étrangers », « abus de bien social et recel », et confiée à Renaud Van Ruymbeke et Xavière Simeoni, suite à une dénonciation de la justice suisse.

Troublants. Les enquêteurs helvètes auraient ainsi mis la main, par hasard, sur plusieurs documents compromettants. Tout est parti d’un audit de la Commission bancaire suisse sur un petit établissement, Tempus Privatbank AG, soupçonné de blanchir les revenus de narcotrafiquants sud-américains. KPMG, en charge de l’audit, découvre alors des transactions douteuses réalisées pour le compte d’Alstom, et impliquant la banque LGT, basée au Liechtenstein. Le cabinet d’audit acquiert la conviction que des millions de dollars ont servi à rémunérer des individus.

Saisis, les enquêteurs suisses, puis français, s’intéressent notamment à deux dossiers. L’un concerne le marché de l’expansion du métro de São Paulo, d’une valeur de 45 millions de dollars, qui aurait donné lieu au versement d’une commission de 6,8 millions de dollars. L’autre un paiement de 200 millions de dollars pour la construction d’une centrale hydroélectrique au Brésil, un marché d’1,4 milliard de dollars.

Ecornée. Pour l’instant, personne n’a été mis en examen, et le PDG d’Alstom, Patrick Kron, n’est pas impliqué, les faits s’étant déroulés avant sa nomination. L’image du groupe pourrait cependant être sérieusement écornée. Déjà, les investisseurs se défient. Suite à l’article du Wall Street Journal, l’action a chuté de plus de 3 % à l’ouverture, avant de se reprendre en fin de séance.

© Libération

Publié avec l’aimable autorisation du journal Libération.

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