Mafias et blanchiment : les juges suisses quittent le navire

Vendredi 3 octobre 2008

FILOUTERIES / Confidentiels

Mafias et blanchiment : les juges suisses quittent le navire

Paul Perraudin, 57 ans, responsable de l’antenne genevoise des juges d’instruction fédéraux, quitte l’administration à la fin du mois d’octobre pour entrer dans le privé. Il rejoint BNP Paris (Suisse) comme responsable de « la conformité, des affaires juridiques et du contrôle permanent ». Paul Perraudin était le dernier des Bertossa’s boys encore en fonction dans la Cité de Calvin. Il faut se souvenir qu’avant 1990, les banques suisses accueillaient des valises d’argent, quand il ne s’agissait pas carrément de caisses, sans se préoccuper de la provenance des billets. Bernard Bertossa (socialiste) a été dans les années 1990 élu procureur général avec pour mission de nettoyer les écuries d’Augias. De jeunes magistrats, de droite comme de gauche (Paul Perraudin est démocrate-chrétien) le rejoignent. Pendant douze ans, le Palais de justice de Genève devient la terreur des mafias russes ou sud-américaines.

Perraudin se spécialise dans les enquêtes complexes et explosives, l’affaire Elf, les ventes de frégates à Taiwan, les fonds Salinas au Mexique, liés au trafic de drogue, etc. En 2002, après deux mandats, le procureur général Bertossa se retire. Banquiers et avocats d’affaires, associés aux partis de droite, Parti radical et Parti libéral, font alors un intense lobbying pour imposer Daniel Zappelli. Elu en 2002, réélu en 2008, ce jeune magistrat n’a jamais fait mystère de son objectif principal : enterrer l’ère Bertossa et, avec lui, tous les dossiers sensibles, afin que Genève demeure la capitale mondiale de la gestion de fortune. Depuis, tous les Bertossa’s boys ont claqué la porte les uns après les autres. Devenu juge fédéral, puis suppléant du 1er juge d’instruction fédéral, Paul Perraudin était le dernier des Mohicans.

Les mafias et les blanchisseurs de toute la planète n’ont plus de soucis à se faire. Genève est redevenue aussi accueillante qu’avant 1990.

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