Pertes et profits / 3,5 milliards distribués par Elf en Afrique et ailleurs

Mercredi 1er décembre 1999 — Dernier ajout mardi 15 mai 2007

Pertes et profits

Le Canard enchaîné, 3,5 milliards distribués par Elf en Afrique et ailleurs, 27/10/1999 (Nicolas BEAU) : « “Le groupe Elf-Aquitaine a été appauvri d’importants avoirs sociaux estimés à plus de 3,5 milliards de francs, d’après les investigations menées en France et en Suisse. Une part significative - environ 2 milliards de francs - a transité par des comptes ouverts en Suisse […]”. C’est en substance ce qu’a déclaré le juge suisse Paul Perraudin en accueillant, le 9 mars dernier, André Tarallo, le “Monsieur Afrique du groupe Elf […]. L’enquête sur les pots-de-vin du groupe va-t-elle enfin déboucher sur l’Afrique ? […]

Plus de 600 millions de francs ont transité sur les comptes suisses d’André Tarallo […]. Destination : offrir des “rémunérations occultes” à des présidents africains, et en particulier à Omar Bongo. […]

Ces révélations s’ajoutent à des faits déjà connus. Par exemple les 250 millions de francs versés à deux anciens des services de renseignement français et allemand dans le volet d’outre-Rhin de l’affaire Elf.

Ou les 70 millions de francs qui ont permis à Alfred Sirven, le grand répartiteur des commissions occultes en cavale, d’acheter - en une fois - bijoux et œuvres d’art […]. Ou encore les dizaines de millions qui ont permis à quelques amis de Pasqua d’arrondir leurs fins de mois. Sans oublier les centaines de millions de francs déposés sur le compte Davenport à Genève, soupçonné d’être la propriété du président Bongo […].

Sur le volet africain de l’affaire Elf, la justice française avait choisi jusqu’ici de fermer les yeux […] au nom de la raison d’État peut-être. […] Le juge suisse n’a pas de ces pudeurs. […] Tarallo refusant obstinément de citer les noms de ses mandataires africains, […] “quand il s’agit d’affaires d’État”, […] [le magistrat réplique] : “Le concept d’affaire d’État n’est juridiquement pas opposable à votre obligation de déposer devant la justice”. […]

A été abordée la question du financement, par des personnalités africaines, de la riche résidence, d’une valeur de 90 millions, dont André Tarallo est propriétaire en Corse. “Cette villa de réception est destinée aux rencontres franco-africaines, a expliqué le Monsieur Afrique. […] Si j’en suis titulaire, c’est pour en assumer la gestion”. C’est sans doute ce qu’il appelle, dans les rares entretiens qu’il accorde à la presse, “l’indivision africaine”.

Ces rebondissements sont un vrai cadeau empoisonné pour le nouveau patron du groupe Elf. […] Thierry Desmarest […] [a] rendez-vous avec le président Bongo. [Parmi] les sujets de conversation […] le sort de la Fiba, la banque franco-gabonaise de Paris, qui recèle des secrets autrement plus sensibles que les comptes suisses d’André Tarallo ».

Billets d’Afrique Numéro 76 Décembre 1999

Publié avec l’aimable autorisation de l’Association Survie.

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