LA DOMINATION DES BANQUIERS AU CŒUR DES ETATS (suite)

Dimanche 15 novembre 2009

LA DOMINATION DES BANQUIERS AU CŒUR DES ETATS (suite)

Les banquiers privés placent leurs hommes au cœur des Etats et privatisent à nouveau la création monétaire George Pompidou, avant d’être président de la République était un banquier. De 1945 à son élection comme président de la République en 1969. Pompidou exercera des fonctions au sein du gouvernement français tout en continuant durant plusieurs périodes travaillées au service de la banque Rotschild 1954 à 1958 et de 1959 à 1962. Le 8 janvier 1959 il est devient Directeur général de la Banque Rothschild. Pourtant, il sera néanmoins nommé en mars 1959 au Conseil constitutionnel où il siégera jusqu’en 1962. On observe donc à nouveau un grave manque d’indépendance entre les intérêts de l’Etat français et ceux des intérêts privés des banques. Puis la banque de France a été nationalisée en 1945 par le Général de Gaule, donc durant cette période l’Etat retrouve le contrôle sur le crédit et sur la monnaie. Mais le président Pompidou, l’homme des banquiers de l’époque, ne l’entend pas de cette oreille. L’article 25 de la loi du 3 janvier 1973, de Pompidou et Giscard d’Estaing, "interdit au Trésor public d’être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France". L’Etat français bascule donc à nouveau sous l’emprise financière directe des banquiers privés.

Quand les 200 familles les plus riches tenaient les finances de la France Revenons, à présent, un peu en arrière, pendant l’Entre-deux-guerres, afin de comprendre comment l’emprise des industriels et des banquiers s’exerçait déjà sur l’Etat français. A cette époque, le terme les « deux cents familles » désignait les deux cents plus gros actionnaires (sur près de 40.000) de la Banque de France. Édouard Daladier, président du Conseil, lors du Congrès radical de Nantes en 1934 déclarait que « deux cents familles sont maîtresses de l’économie française et, en fait, de la politique français (…) Les deux cents familles placent au pouvoir leurs délégués. Elles interviennent sur l’opinion publique, car elles contrôlent la presse » (Daladier, 1934). Dans les années 1920-1930, ce sont alors "les 200 familles" qui gouvernaient dans les faits, qui mettaient une politique extérieure au servir d’une politique intérieure consacrée à la guerre des salaires. Parmi les plus riches ont comptait déjà la famille Seillière (32 millions). C’est le « comité des forges (acier) et des houillères qui disposaient de la plus grande influence avec la Famille De Wendel en premier lieu, mais aussi les Schneider, les Rothschild, les Wendel …(Ernest Antoine Seilières et Françoise de Panafieu sont descendants des « De Wendel ») (Sédillot, 1989). C’est le comité des forges est l’ancêtre de l’UIMM (Union des métiers et industries de la métallurgie), qui est actuellement un des organes patronaux les plus puissants.

Le rôle des banquiers dans la création de l’Etat fasciste de Vichy L’action de la Banque Worms (membre du réseau de la synarchie) pendant la guerre de 1940 est assez analogue aux rôles des autres banques dans les gouvernements, que ce soit dans les Etats fascistes de l’époque. Le groupe Worms, un géant du transport international, des compagnies minières et des sociétés financières et immobilières, tenait sous sa coupe directe plus de la moitié de l’industrie » française avant le 2e guerre mondiale. L’historienne Annie Lacroix Riz, profitant de l’ouverture des archives officielles à découvert qu’en France, la quasi-totalité des hommes qui arrivent au pouvoir avec le maréchal Pétain avait appartenu à l’équipe Worms, l’un des éléments clés de cette organisation des financiers en France (Lacroix-Riz, 2006). Les services de renseignements britanniques durant la 2e guerre mondiale avaient déjà repéré le rôle du groupe Worms sur le gouvernement de Vichy. Ensuite, la synarchie se repose sur la Cagoule, une sorte de regroupement de membres des anciennes ligues. Cette dernière était une organisation secrète fondée par Eugène Deloncle et financée par le patron de l’Oréal, Eugène Schuller. La synarchie mise sur le duo Pétain-Laval jusqu’en 1941-1942, quand le vent commence à tourner avec l’entrée en guerre des Etats-Unis. Après cela, la synarchie se rabat sur Darlan, qui devient le n°2 du gouvernement de Vichy, successeur attendu de Pétain, avant d’être - fort opportunément - assassiné en décembre 1942. Pendant son passage à Vichy, il a fait rentrer toute une part de la banque Worms dans le gouvernement (Lacroix-Riz, 2006). Dans le gouvernement du Front populaire de 1936, et malgré le fait que Léon Blum prônait une alliance avec Roosevelt, la synarchie s’était infiltrée dans le ministère de l’Economie nationale (…). L’une des premières tâches sera la mise en coupe réglée de l’économie en faveur des financiers. C’est ici qu’entre en scène le groupe Worms, dont trois membres participent à la rédaction du texte de la loi du 16 août 1940 : René Belin, Jacques Barnaud, Bichellone. Elle instaure une véritable dictature étatiste de l’économie, avec des comités d’organisations pour chaque branche de l’industrie, dirigés par un seul chef et qui font l’intermédiaire entre l’Etat et les entreprises. Cette loi du 16 août donne tout pouvoir à l’Etat sur le patronat. Avec la loi du 16 août 1940, « la synarchie bancaire se voit attribuer la totalité du pouvoir économique aux dépens de ceux qui en tenaient jusqu’alors les principaux leviers, c’est-à-dire le patronat industriel et ses organisations professionnelles. Tout se passe comme si, le 16 août 1940, à la faveur de la défaite, le patronat était passé entièrement sous la coupe des mafias bancaires » explique Lacroix-Riz (2006). On retrouve encore la Banque Worms à présent. La société suisse Glencore et la banque française Paribas (chef de file d’un pool d’une dizaine de banques, dont la BNP, Worms, la Banque populaire… ) sont au cœur du système de prêts gagés sur le pétrole futur de l’Angola (Verschave, 2001). Certains des membres et des représentants de ces différentes entreprises ont été inculpés dans le cadre du procès de l’Angolagate qui a débuté en 2008.

C-LE POUVOIR POLITIQUE ET IDEOLOGIQUE DES BANQUIERS le groupe Bilderberg fut créé en 1954, grâce à un cofinancement de Unilever et de la CIA . Selon un ancien délégué du groupe, le consensus élaboré au sein de ce forum sert de base à l’évolution des politiques internationales. Bilderberg “compose la toile de fond des politiques qui sont mises en place par la suite. Ainsi, le Forum économique mondial à Davos en février, les rencontres Bilderberg et du G8 en avril-mai et la conférence annuelle du FMI et de la Banque Mondiale en septembre. Une sorte de consensus international émerge (…). Ce consensus devient la toile de fond des communiqués du G8 ; il inspire le FMI lorsqu’il impose le programme de réajustement à l’Indonésie, et la politique que le Président américain propose au congrès” (Armstrong, 1998). Le banquier, David Rockefeller fut le fondateur du Bilderberg, puis de la Commission Trilatérale. "Ces deux lobbies sont les véritables architectes de la mondialisation néo-libérale” selon M. R. Jennar (2005). D. Rockefeller a déclaré à Newsweek international, “quelque chose doit remplacer les gouvernements et le pouvoir privé me semble l’entité adéquate pour le faire” (Rockefeller, 1999). “Ce même personnage avait déclaré huit ans plus tôt devant la Commission Trilatérale : la souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers est préférable au principe d’autodétermination des peuples” (Jennar, 2005 : 17). En effet, ces derniers sont considérés par certaines élites, tels les certains experts de la gouvernance européenne comme “ignorants, émotifs et versatiles, comme nous le rapporte Hermet (2003 : 16). C’est donc, pour leur éviter de commettre des erreurs nuisant à l’intérêt du peuple lui même, que les élites proposent d’ériger la gouvernance, par les seuls experts et les élites économiques et politiques. La banque Mondiale est souvent dirigées par d’anciens membres, issus des plus grandes banques privées des Etats-Unis, ou de grandes transnationales. Par conséquent, les intérêts capitalistes des banquiers et des élites économiques ont leurs gardiens et cheminent au cœur des pouvoirs publics internationaux. Robert Strange McNamara fut président de la Banque Mondiale d’avril 1968 à juin 1981. Les années précédents sa nomination, McNamara, était considéré comme l’un des plus importants hommes d’affaires des Etats-Unis et devient à l’âge de 44 ans, président de la Ford Motor Company. Depuis le 1er juillet 2007, Robert Zoellick est le 10e président de la Banque Mondiale. En 1997, il a été conseiller aux affaires internationales de la banque Goldman Sachs. Paul Wolfowitz fut le neuvième président de la Banque mondiale. Auparavant il a été homme d’affaires et a mené une carrière de banquier. Puis a été poussé à la démission pour népotisme en 2007. A la Banque Mondiale, l’idéologie néo-libérale est hégémonique, c’est donc dans le cadre de cette politique qu’elle entend exercer ce qu’elle nomme une “bonne gouvernance”. La "bonne gouvernance", pour la Banque mondiale est aussi synonyme de bonne gestion du développement” (World Bank, 1992). Marie Claude Smouts la qualifie “d’outil idéologique pour une politique de l’Etat minimum” (1998). Cependant, si cette politique se limite aux fonctions régaliennes, cela ne signifie pas un État faible. Il s’agit en réalité d’un “État gendarme” visant théoriquement à faire respecter les règles d’un marché concurrentiel et les libertés individuelles. Les institutions de Breton Woods exercent un pouvoir politique et culturel. Le rôle financier et économique n’est que la partie émergée de l’iceberg. La partie immergée relève donc de la foi, de la croyance, de la doctrine, du leadership intellectuel. Comme le dirait Pierre Bourdieu, la Banque est puissante parce qu’elle est capable d’échanger constamment du capital économique contre du capital symbolique et vice versa. Susan George décrit la Banque comme « la main invisible du "programme" planétaire mis en œuvre par le capitalisme libéral. Dans son livre Crédits Sans Frontières, elle attribue donc au Fond monétaire international et à la Banque des attributs et un fonctionnement quasi religieux. La doctrine remplace alors l’argumentation, malgré le discours qui se veut scientifique c’est bien d’idéologie qu’il s’agit. Un autre instrument de l’hégémonie idéologique des néo-libéraux est leur aptitude à la récupération et à la manipulation conceptuelle, qui est relativement proche de la novlangue. La Banque utilise "des mots solennels et des formules magiques pour transformer la réalité (George,1994 : 207). Face aux défenseurs de l’environnement qui risquaient de mettre un terme à la philosophie de la croissance illimitée, la Banque a utilisé la notion de développement durable en décrétant "la croissance durable". Celle-ci n’était dès lors plus menaçante, l’idée de durabilité neutralisant le danger de destruction. "Le mouvement de défense de l’environnement qui craint pour son avenir s’est vu ainsi privé de ses armes conceptuelles"(George, 94 :208). Derrière la politique de “bonne gouvernance”, la Banque Mondiale cherche aussi à contraindre les pays à bas salaires à mener une bonne gestion, c’est-à-dire à appliquer les plans d’ajustements structurels (privatisations, restrictions des budgets sociaux…), basés sur une politique économique néo-libérale. Ainsi, du fait du principe de conditionnalité auquel sont soumis les États pour recevoir des prêts de la Banque Mondiale, ceux-ci perdent la souveraineté sur leur politique nationale (George, 1994 : 184). Cette entorse à la souveraineté du peuple est “camouflée par les qualificatifs “d’empowerement” (la participation) et de “consensus" avec la société civile (Hidouci, 2003 : 6). La corruption limite la démocratisation des États. Pourtant, les institutions financières internationales (IFI) agissent peu contre la corruption des dirigeants (lorsque les prêts qu’elles octroient sont détournés) (Gueye 2003 : 38). La Banque Mondiale ne remet pas ou peu en cause sa politique économique néo-libérale, si ce n’est dans le discours. Elle se contente par exemple de rajouter à la marge quelques “filets de sécurité” pour les plus démunis. Ainsi a-t-elle développé une approche plus politique, la "bonne gouvernance". Les directeurs de la Banque Mondiale ont quant à eux aussi interrompu les prêts à différents pays lorsqu’ils se heurtaient aux intérêts des Etats Unis (même si officiellement c’était pour d’autres motifs) précise Eric Toussaint.. Dans le même ordre d’idée, la Banque Mondiale a systématiquement tenté de mettre en échec les régimes considérés comme des menaces pour les intérêts américains Ce fut le cas contre le gouvernement du Guatemala de Jacobo Arbenz en 1954. A l’inverse La Banque Mondiale soutiendra ensuite la junte militaire qui renversera Jacobo Arbenz (Toussaint, Millet, 2007). Parmi d’autres exemples les plus connus en Afrique, citons la dictature de Mobutu au Zaire, celle de Idi Amin Dada en Ouganda, d’Habyarimana au Rwanda à partir de 1973, d’Idris Déby au Tchad (Toussaint, 2006).

Rôle du Franc-CFA dans la domination africaine La politique monétaire permet de jouer sur les importations et exportations. C’est un outil fondamental de la souveraineté, comme l’est l’indépendance militaire par exemple. Or, les Etats les africains n’ont pas cette liberté d’action et donc cette indépendance économique et politique. La Banque de France et maintenant la Banque centrale européenne avec l’euro ont décidé des dévaluations et du moment où elles ont eu lieu. Un gouverneur de la Banque de France dispose du droit de veto, sur les politiques de la Banque Centrale africaine francophone en matière monétaire. L’Afrique francophone est donc ainsi dépossédée de se souveraineté monétaire et donc économique.

3-LA DETTE : INSTRUMENT DE DOMINATION DES PAYS RICHES La dette publique : une opportunité pour les rentiers L’accroissement de la dette publique en France bénéficie aussi aux actionnaires, aux rentiers (que Keynes qualifiait de parasites) parce qu’ils s’enrichissent grâce à la production concrète des autres acteurs (industrie, agriculture, ouvriers…) et cela simplement parce qu’ils disposent de biens financiers.

La dette des PED : un instrument d’enrichissement des pays industrialisés Contrairement à ce que l’opinion publique pense généralement, les flux financiers les plus importants vont donc du Sud vers le Nord. C’est finalement les plus pauvres qui aident les plus riches. En 2002, les flux (transfert des ressources (dons et prêt) du Sud vers les Nord représentaient 200 milliards $ en 2002. En 2004, tandis que l’aide publique au développement de l’OCDE pour les PED s’élevait à 78 milliards $, le service de la dette extérieure des PED représentait 374 milliards $ par conséquent, les flux financiers allant du Sud vers le Nord étaient 4,7 fois supérieurs aux flux allant du Nord vers le Sud (Banque Mondiale, 2005) En 2003, l’APD l’élevait à 54 Mds $ et le remboursement à 436 Mds, soit 8 fois plus (Ziegler, 2005).

La dette gérée par la Banque mondiale est parfois illégale "Au moment de l’indépendance du Gabon en 1960, la Banque Mondiale a transféré à ce pays les dettes précédemment contractées par la France pour la colonisation du Gabon, ce qui est en violation complète des règles du droit international. Depuis, la mainmise des dirigeants français sur l’économie gabonaise ne s’est jamais démentie : Omar Bongo en est avant tout le garant. Une dette constituée dans ces conditions est illégitime et n’a pas à être remboursée" (Toussaint, 2006).

Les narcodollars au service de la dette Enfin, de nombreux pays considérés comme les bons élèves du FMI et de la Banque Mondiale n’ont vraisemblablement réussi à équilibrer leur économie que grâce à la production et à la vente de la drogue. Concernant la Bolivie par exemple, selon Patrick PIRO « aucun économiste n’est dupe de ce miracle, c’est bien grâce à la coca et à la cocaïne que le pays n’a pas volé en éclat. Le trafic de la drogue a donné au pays des devises nécessaires au paiement de la dette. Il a aussi permis d’éviter une explosion sociale, en offrant des emplois à des dizaines de milliers de chômeurs » (Piro, 1994 : 8) Les dirigeants des pays de l’OCDE sont informés de cette réalité. Mais le service de la dette reste apparemment prioritaire pour eux, par rapport à la mise en œuvre de leur déclaration visant à lutter contre le développement du marché de la drogue et à son blanchiment dans des paradis fiscaux.

Une aide (APD) aux pays industrialisés, plutôt qu’aux PED Boisgallais évalue, entre 1 à 5%, l’aide publique bilatérale qui parvient réellement à la population, le reste partant en direction de construction d’infrastructure destinée à servir nos intérêts. Moins de 1% de l’APD bilatérale est consacrée aux ONG (Boisgallais, 1994). Selon Politis, le reste de l’aide bilatérale française se répartit globalement ainsi :

  • 30 à 40% environ, pour les opérations de rééchelonnement de la dette ou révision des taux d’intérêts et parfois annulation partielle de dette.
  • 20 à 25 % pour le salaire des coopérants pour des projets techniques, scientifiques, ou culturels, avec un salaire moyen de 4500 à 23 000 euros par mois. On comptait 3250 coopérants en 2001.
  • 15 à 25 % pour la promotion de la francophonie.
  • 5 à 10 % pour l’aide financière aux projets pour l’étude et la réalisation d’équipements, d’infrastructure des transnationales françaises.
  • 3 % destiné à l’armée, avec l’envoi de professionnels français pour former l’armée locale, la gendarmerie…
  • 1 % pour l’aide budgétaire, c’est à dire, les dons versés directement à un Etat, mais le parlement français n’en n’ est jamais informé.
  • 1 % pour le soutien au PAS (les plans d’ajustement structurels) de la Banque Mondiale et du FMI ( Politis, 1998).

La COFACE assure les risques des entreprises françaises des entreprises investissant à l’étranger. Elle permet une privatisation des gains et la mutualisation des pertes. Or, ’l’Etat français qui engage chaque année, 9,2 milliards E d’argent public au travers de la COFACE (dont une grande partie de l’APD), a ainsi payé plus de 15 milliards E en 20 ans pour couvrir les déficits de cette agence, sans que personne n’ait vérifié l’efficacité des contrats passés" (Brun, Politis, 1998).

Les dettes de développement : le coût des « éléphants blancs » « Ce sont des dettes contractées pour réaliser des projets de développement qui ont échoué ou dont les conséquences humaines ou environnementales se sont révélées néfastes à cause d’un manque d’études préalables » (Ramos, 2008 : 108). C’est-à-dire ce que l’on qualifie parfois « d’éléphant blanc », de grand projets qui bénéficient au gouvernement et à l’entreprise privée, mais pas au population. Par exemple, les hopitaux high tech, où l’Etat n’a pas prévu le financement des salaires et de la maintenance et qui sont laissés à l’abandon. C’est aussi le cas de d’Africa ONE, un projet de 2 milliards de dollars mis en place dans le cadre d’un partenariat AT&T - UIT - opérateurs privés et États africains, qui a complètement échoué, engloutissant des dizaines de millions de dollars. De même, WorldCom, véritable effigie néolibérale devenu premier opérateur mondial en capitalisation boursière et grand prédateur des opérateurs de télécommunications et qui a causé la plus grande faillite de l’histoire des USA et le plus grand détournement financier jamais enregistré, plus de 11 milliards de dollars (Fullsack, février 2005).

Délits d’initiés au service d’opération spéculative sur la dette publique Dans les années 90, la Fiba, la banque d’Elf (fermée suite au procès Elf) a racheté au rabais les créances du Congo détenues par les banques étrangères, afin de se les faire rembourser par la Caisse congolaise d’amortissement. Après avoir récupéré ces dettes gagées sur pétrole, elle empoche le rabais, une décote de 90, à 95% ! (LDC, 2.10.1997). Grâce à ses appuis au sein de l’Etat Congolais et à "la complicité de toutes les parties prenantes, sur le dos des finances publiques", Elf savait qu’elle pourrait se faire rembourser (Verschave, 2001 : 43).

Les ETN aux commandes des Etats grâce à la gestion de la dette publique L’été 1994, Lissouba, le président du Congo-B confie à Elf la responsabilité de gérer la dette pétrolière du pays. On observe une totale manque d’indépendance de l’Etat. En effet, Elf devient ainsi à la fois client de l’Etat et gestionnaire de son budget. (Verschave, 2001 : 44). Une entreprise capitaliste privée a ainsi fait main mise sur un Etat. L’association Survie (2006) a ainsi proposé plusieurs propositions pour démocratiser la coopération française, tel que réaliser un audit sur l’aide publique au développement, contrôler et rendre plus transparente la coopération française et intégrer la société civile dans les politiques bilatérales de coopération.

Conclusion Ce sont autant le pouvoir et les causes politico-idéologiques que le pouvoir et les causes économiques qui peuvent expliquer les inégalités actuelles mondiales. En particulier, c’est le pouvoir politique des propriétaires des biens économiques (finance et moyens de production), (les capitalistes) qui domine largement le pouvoir politique des dirigeants des pouvoirs publics. Il s’agit de la gouvernance économique, financière, idéologique et de la gouvernance par les pouvoirs publics (nationaux et internationaux). Le second niveau du pouvoir ou de la gouvernance regroupe la gouvernance par la violence (policière, militaire…), le pouvoir relationnel (les réseaux) et la gouvernance nationaliste (impérialiste). La dimension illégale vient donc renforcer les carences de la gouvernance non-démocratique, mais reste finalement secondaire au plan quantitatif, même si elle semble largement sous-estimée. De plus, un délit, même petit et rare, commis par un élu du peuple devrait faire réagir les citoyens et les médias. Or, en particulier en France c’est souvent passer sous silence. Enfin, si le capitalisme économique et politique peut expliquer la situation mondiale actuelle d’inégalité extrême, le libéralisme (avec sa dérégulation) ne vient que le renforcer, en accentuant encore les tendances vers le non respect des règles de certains des élites (la corruption).

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