« Pétrole contre nourriture », un scandale mondial

Vendredi 5 août 2011

« Pétrole contre nourriture », un scandale mondial

LEMONDE.FR | 05.08.11 | 08h30

Dix ans de procédures devraient conduire Charles Pasqua, Total et son PDG, Christophe de Margerie, devant le tribunal correctionnel de Paris en 2012. Avec dix-sept autres personnes physiques, ils sont accusés d’avoir pris part à un vaste système de corruption, mis en place par Saddam Hussein dans le cadre du programme onusien « Pétrole contre nourriture ». Comme eux, plusieurs cadres des Nations unies ont été mis en cause depuis 2004.

Au départ, éviter une crise humanitaire

Dès son invasion du Koweït en août 1990, l’Irak est soumis à un embargo qui a pour effet, mois après mois, de durcir les conditions de vie de la population. Afin de soulager le peuple irakien, l’ONU adopte le 14 avril 1995 la résolution 986. Elle permet à l’Irak de vendre du pétrole pour acheter de la nourriture et des médicaments.

Mis en place en 1996, le programme « Pétrole contre nourriture » autorise Bagdad à vendre du brut, tous les six mois, à hauteur de 2 milliards de dollars (environ 500 000 barils). L’exportation du pétrole, l’utilisation des revenus et la distribution des vivres et des médicaments sont placées sous la supervision de l’ONU. Toutes les opérations sont opérées sur un compte séquestre ouvert par les Nations unies à la BNP, à New York.

[…]

Un vaste système de corruption se met en place

En parallèle de la filière légale qui profite à 3 900 entreprises, le gouvernement irakien met en place un système de corruption à son profit, reposant sur des rétro-commissions et des surcharges renvoyées vers l’Etat irakien.

Il impose à ses clients et fournisseurs de lui verser des surcharges – jusqu’à 30 cents par baril – sur les ventes de brut, et des commissions illégales de 10 % sur le volet humanitaire. En 2000, elles deviennent systématiques. L’essentiel des sommes détournées, 1,8 milliard de dollars, est prélevé sur les produits vendus par les entreprises de 66 pays. Ces sommes sont transférées dans des ambassades irakiennes à l’étranger ou déposées dans des comptes offshore pour être ensuite retirées en cash. L’argent liquide est ensuite rapatrié en Irak et déposé à la banque centrale. Du pétrole de contrebande est également vendu aux frontières, rapportant 11 milliards de dollars au régime baasiste.

Lire la suite sur le site du journal Le Monde.

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