Le gouvernement grec pourrait poursuivre Goldman Sachs

Dimanche 12 juillet 2015

Le gouvernement grec pourrait poursuivre Goldman Sachs

Athènes étudierait la possibilité de poursuivre la banque pour avoir aidé la Grèce à maquiller ses comptes pour cacher sa dette à ses partenaires européens.

De notre correspondant à Londres, Marc Roche

Publié le 12/07/2015 à 10:53 - Modifié le 12/07/2015 à 11:12 | Le Point.fr

Le gouvernement grec d’Alexis Tsipras pourrait poursuivre la banque américaine Goldman Sachs dans l’affaire du maquillage des comptes grecs en 2001-2002 destiné à aider Athènes à rester dans l’euro. À lire la une du quotidien britannique The Independent de samedi citant des sources de bonne foi, les autorités grecques examinent la possibilité de saisir les tribunaux pour tenter de récupérer la commission colossale de plus de 600 millions de dollars (538 millions d’euros) gagnée par la filiale européenne de l’établissement new-yorkais sur cette transaction qui a aidé la Grèce à camoufler sa dette à ses partenaires européens. Ironie du sort, l’équipe Syriza serait conseillée dans ce dossier par… un ancien banquier de Goldman Sachs – dont le nom n’a pas été divulgué -, expert des dettes souveraines.

En traînant Goldman Sachs devant les tribunaux, Athènes suivrait l’exemple du fonds souverain libyen qui lui réclame 800 millions de dollars détournés sous le régime Kadhafi devant la Haute Cour de Londres.

En 2001-2002, dans la foulée de l’entrée de la Grèce dans l’euro, le gouvernement socialiste grec de Costas Simitis choisit Goldman Sachs pour l’aider à réduire le service de sa dette. Pourquoi refuser pareil mandat hautement rémunérateur, parfaitement légal, même s’il s’agit dans les faits d’enjoliver les comptes publics afin de dissimuler l’ampleur de ces déficits ? Une associée anglo-grecque du bureau de Londres, Antigone Loudiadis, experte des produits financiers complexes, met au point un mécanisme appelé « credit derivative swaps » ou « CDS souverains » dans le jargon. Grâce à cette transaction, Loudiadis aurait reçu un bonus de 12 millions de dollars. Goldman Sachs affirme avoir prévenu Eurostat, l’organisme européen chargé de surveiller la comptabilité des États, du montage financier grec. À l’époque patron d’Eurostat, le baron Michel Vanden Abeele a toujours nié avoir été informé par la banque.

« Les normes de transparence auraient dû être meilleures »

En 2005, la National Bank of Greece (NBG) devient le partenaire de la Grèce sur les marchés financiers. Goldman Sachs se contente du rôle de banque-conseil. La NBG, avec l’aide de Goldman Sachs, crée une société basée dans la City, baptisée Titlos. La coentreprise est installée dans les bureaux de Wilmington Trust et Services, compagnie spécialiste de la finance offshore, en particulier dans l’enregistrement de sociétés dans le paradis fiscal américain du Delaware. En transformant les CDS souverains de 2001 en une obligation à vingt ans, Titlos parvient à transférer, ni vu ni connu, la dette grecque du bilan du pays à celui de la NBG. Les Européens ont préféré regarder ailleurs. Et les Grecs, eux, ont pu continuer à vivre à crédit. Lire la suite sur le site du magazine Le Point.

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