Jeux d’argent en Afrique : jackpot pour les Corses

Samedi 28 novembre 2015 — Dernier ajout vendredi 8 février 2019

Jeux d’argent en Afrique : jackpot pour les Corses

Publié le 28 novembre 2015 à 11h20

Par Rémi Carayol

[…] Comme toute saga, l’histoire de ces pionniers de la roulette et du baccara sur le continent naît d’un mariage, mais aussi d’une ambition commune, entre deux Corses aux parcours diamétralement opposés – jusqu’à leur rencontre. D’un côté, Robert Feliciaggi, fils et petit-fils de colons. Un entrepreneur qui a fait sa vie loin de la Corse de ses aïeuls, au Congo. Il y a fait fortune dans l’hôtellerie et la pêche grâce à sa proximité avec le maître du pays, Denis Sassou Nguesso, et rêve secrètement de se lancer dans les jeux d’argent sur sa terre d’adoption, même s’il n’y connaît pas grand-chose. De l’autre côté, Michel Tomi, fils et frère de flic, qui sera décrit par la police et les médias, bien des années plus tard, comme « le dernier parrain » de la mafia corse. Lui, c’est un Corse, un vrai, qui n’a jamais mis les pieds en Afrique. Il a grandi au village, a très tôt fait ses armes dans les jeux en France – et ce à la meilleure école, celle des Francisci – et a fini, comme tant d’autres, par être condamné.

[…] « Je n’ai jamais affaire aux secrétaires, aux ministres ou aux chefs de projets, explique Tomi. Je n’ai affaire qu’aux présidents. »

[…] À leurs débuts, les Corses bénéficient aussi du soutien du réseau Pasqua, l’ancien ministre français de l’Intérieur, lui-même corse, qui a entrepris de suppléer le réseau Foccart déclinant au milieu des années 1980. Rouages essentiels de ce que l’on appelle alors la « Corsafrique », ils sont au cœur de ses nombreux scandales, notamment à travers leur vitrine en France, la Société d’études pour le développement (SED), présentée par plusieurs rapports de police comme une machine à blanchir les capitaux engrangés en Afrique et à les redistribuer aux copains et aux coquins, parmi lesquels figurent des hommes politiques et des figures du milieu.

Ainsi, écrivent les journalistes Jacques Follorou et Vincent Nouzille dans Les Parrains corses (Fayard, 2009), « l’argent gagné par Feliciaggi et Tomi dans les PMU africains ne reste pas sur le continent. Ils le rapatrient sur des comptes numérotés dans des paradis fiscaux ». L’entourage de Tomi rétorque qu’il n’a jamais été condamné pour cela, en dépit des rapports accablants de la police, et le Corse lui-même se défend, la main sur le cœur, d’avoir jamais imaginé voler ses amis africains. Lire la suite.

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