Pourquoi Bernard Tapie a peut-être perdu toute sa fortune

Jeudi 3 décembre 2015 — Dernier ajout vendredi 4 décembre 2015

Pourquoi Bernard Tapie a peut-être perdu toute sa fortune

L’ex-patron d’Adidas est sommé par la justice de rendre les 404 millions d’euros obtenus en 2008 à la suite d’un arbitrage litigieux. Analyse.

Par Marc Leplongeon Publié le 03/12/2015 à 20:15 - Modifié le 03/12/2015 à 20:17 | Le Point.fr

[…] La descente aux enfers

Pour (tenter de) comprendre l’affaire Adidas, replongeons-nous dans l’histoire de ce qui est sans doute le plus gros scandale politico-financier des vingt dernières années. Le litige que la cour d’appel de Paris vient de trancher consistait à savoir si, oui ou non, Bernard Tapie avait été escroqué par le Crédit lyonnais, lors de la revente d’Adidas à Robert Louis-Dreyfus. En février 1993, Bernard Tapie, acculé par les dettes et appelé à ses fonctions de ministre de la Ville, confie un mandat de vente d’Adidas au Crédit lyonnais pour 2,085 milliards de francs. La banque finance intégralement Robert Louis-Dreyfus afin qu’il achète 15 % et une option d’achat, lui permettant d’acquérir la totalité de l’entreprise dans les deux ans pour un prix de… 4,4 milliards de francs ! Le Crédit lyonnais monte un tour de table particulièrement opaque, composé d’investisseurs temporaires et de sociétés offshore, qui ont tous l’obligation de revendre leurs parts à Robert Louis-Dreyfus. Le Crédit lyonnais finance tout ce petit monde grâce à des prêts extrêmement avantageux et empoche, quelque temps plus tard, plusieurs centaines de millions de francs.

Bernard Tapie affirme avoir découvert trop tard la supercherie et ne dépose réellement les premiers recours en justice qu’en 1994, lorsque sa carrière politique tourne court plus tôt que prévu. Il affirme avoir tout ignoré du montage financier mis en place par le Crédit lyonnais, clame avoir été roulé par ses collaborateurs et par sa banque, affirme qu’on a brutalement arrêté de le soutenir financièrement en vue de racheter Adidas et d’opérer une jolie culbute.

[…] Un montage financier caché à Bernard Tapie

Faux selon la cour qui affirme que les dirigeants de BTF (Bernard Tapie Finances, maison mère d’Adidas) connaissaient au moins le nom des banques et grandes entités qui s’apprêtaient à entrer au capital d’Adidas, à savoir Clinvest, AGF, la banque Worms et leurs fameuses « affiliées luxembourgeoises ». Comprendre : des sociétés offshore, discrètes et particulièrement opaques. La cour d’appel estime donc, d’une part, que les conditions de la vente n’ont pas été cachées à Bernard Tapie ; d’autre part, que le secret qui entourait le montage financier et le recours à des fonds offshore visait à de ne pas attirer « l’attention de l’opinion » sur ce qui pouvait passer pour une « faveur accordée à un ministre en exercice par des banques publiques ». Lesquelles, ajoute la cour, "endossaient l’intégralité des risques de l’opération". La cour, en revanche, ne se prononce pas sur l’argument de Bernard Tapie qui affirmait que les sociétés offshore étaient des faux nez du Crédit lyonnais. Lire la suite sur le site du magazine Le Point.

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