Banquier Stern : la piste SM en doute

Mardi 8 mai 2007

Banquier Stern : la piste SM en doute

L’enquête sur la mort de l’homme d’affaires s’oriente vers le terrain financier.

Par Luc HILLY

lundi 14 mars 2005 (Liberation - 06 :00)

Genève intérim

Et si les assassins du banquier Edouard Stern avaient maquillé leur forfait en crime sadomaso ? A Genève, où la police enquête dans le plus grand secret sur le meurtre du financier français retrouvé mort dans son appartement le 1er mars, habillé d’une combinaison en latex, la piste SM largement commentée par les médias (Libération des 4 et 5 mars) en laisse plus d’un dubitatif. « Vous croyez vraiment que les fétichistes, ou même les amateurs de sadomasochisme hard, finissent par se tirer dessus à balles réelles ? », s’énerve un familier du restaurant Calvi situé près de la résidence cossue du 17, rue Adrien-Lachenal où le financier de 50 ans, divorcé, vivait au cinquième étage. Les très rares enquêteurs qui acceptent de parler confirment que le scénario d’une partie SM qui aurait mal tourné ne colle guère avec les causes de la mort : trois balles tirées à bout portant, dont deux dans la tête. Le tout alors qu’aucune effraction n’a été constatée.

Qui dit « exécution » dit contentieux ou règlement de comptes. Or, en fouillant dans le dédale de sociétés financières gérées par Stern, le juge d’instruction Michel Graber n’a pas tardé à mettre la main sur des montages intrigants. C’est sur ce terrain que les enquêteurs espèrent trouver la clé. En sachant que plus l’investigation devient financière, plus elle risque de s’enliser : « Paradoxalement, la thèse du crime sadomaso est bien plus acceptable pour la haute société financière genevoise. On dit qu’Edouard Stern était un détraqué et basta, s’énerve un universitaire. Alors que si l’on commence à déballer le linge sale de sociétés bidons, voire d’investissements de la mafia russe, d’autres banquiers risquent d’être éclaboussés. Un banquier sadique pose moins de problèmes de conscience qu’un banquier véreux. »

© libération

Publié avec l’aimable autorisation du journal Libération.

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