Pour 300 millions d’euros de Picasso dans les Ports francs de Genève

Lundi 15 février 2016

Pour 300 millions d’euros de Picasso dans les Ports francs de Genève

Catherine Hutin-Blay, la belle-fille de Pablo Picasso, a discrètement entreposé une tonne de tableaux du peintre sur les bords du lac Léman.

De notre correspondant à Genève, Ian Hamel Publié le 15/02/2016 à 08:14 | Le Point.fr

Picasso a réalisé en 1955 deux toiles intitulées Jacqueline en costume turc. Jacqueline, disparue en octobre 1986, était la dernière épouse du peintre. L’une des huiles est estimée à 35 millions d’euros, l’autre à 15 millions. Ces deux tableaux font partie d’un lot de 79 œuvres de Pablo Picasso expédié en octobre 2012 dans les Ports francs de Genève par Catherine Hutin-Blay, la fille de Jacqueline et la belle-fille de l’artiste d’origine espagnole.

Une cargaison de 1 050 kilos et un trésor de 296 millions d’euros. Les toiles ont été réceptionnées sur les bords du lac Léman par le cabinet d’avocats Bochatay-Fasel-Tsimaratos. Michel Abt, qui appartient à ce cabinet genevois spécialisé dans le droit des affaires, a déjà été présenté comme l’avocat en Suisse de Catherine Hutin-Blay par Libération en France et par le Handelsblatt en Allemagne.

[…] « Je suis riche, c’est moi la patronne »

Or, s’il existe bien une procédure pénale en France, celle-ci concerne la plainte déposée par Catherine Hutin-Blay en mars 2015 contre le transporteur suisse Yves Bouvier, qu’elle accuse du vol de deux tableaux, Tête de femme et Espagnole à l’éventail. En revanche, il n’y a pas de procédure pénale liée à ce « déménagement » de 79 tableaux de Picasso en Suisse. De son côté, le cabinet Bochatay-Fasel-Tsimaratos, qui contrôle le local des Ports francs où sont entreposées les toiles, n’a pas souhaité répondre à nos questions. Pourquoi tant de mystères alors que les tableaux de Picasso ont normalement été envoyés accompagnés de documents douaniers et de licences d’exportation ? Pour mémoire, l’État de Genève est actionnaire à hauteur de 87 % du capital des Ports francs de Genève. C’est donc lui qui loue des locaux.

[…] Via des paradis fiscaux

Après la disparition de sa mère, Catherine Hutin-Blay a hérité de plus d’un millier de tableaux, sans oublier des centaines de gravures, de dessins, de sculptures, et d’un important patrimoine immobilier. Depuis des années, le bruit court chez certains marchands d’art que la belle-fille du grand peintre se déchargerait fréquemment de certaines œuvres via des paradis fiscaux et sans factures. Des insinuations que l’intéressée dément avec la plus ferme énergie, déclarant notamment dans Libération en septembre 2015 qu’elle a « toujours eu à cœur de veiller à la conservation de sa collection et à sa diffusion mondiale par des prêts, à titre gratuit, auprès d’institutions publiques et privées ». Lire la suite.

Revenir en haut