Cristina Kirchner : le retour, devant la justice argentine

Mardi 12 avril 2016

Cristina Kirchner : le retour, devant la justice argentine

AFP Publié le 12/04/2016 à 03:03 | AFP

Cristina Kirchner sort lundi de sa retraite, quatre mois après avoir quitté la présidence argentine, un retour à Buenos Aires motivé par une convocation judiciaire, dont elle profite pour mobiliser ses troupes dans la rue.

Lundi en fin de journée, des manifestations de soutien ont commencé à se former devant l’immeuble où elle réside habituellement à Buenos Aires et aux abords de l’aéroport, où son avion doit se poser vers 22h15 locales (01h15 GMT).

Des dizaines de milliers de personnes sont attendues. Comme beaucoup d’entre eux, Micaela Rubio, une étudiante de 23 ans, dénonce une « opération politique » du nouveau gouvernement « pour discréditer et neutraliser une opposante ».

Pour mobiliser, les militants kirchnéristes, une mouvance du péronisme, cherchent à dresser un parallèle avec le 17 octobre 1945, quand une manifestation massive avait appelé à la libération du colonel Juan Peron, emprisonné, qui allait devenir président de l’Argentine l’année suivante.

Si l’audition a bien lieu mercredi matin, un second rassemblement de soutien à Mme Kirchner sera organisé devant le tribunal de Buenos Aires où elle sera entendue.

« Si elle est citée (à comparaître), nous sommes tous cités », dit l’appel à manifester circulant sur les réseaux sociaux et placardé dans l’agglomération de Buenos Aires.

Devant l’aéroport, les militants agitaient des drapeaux et scandaient des slogans à la gloire de celle qui a gouverné la 3e économie d’Amérique latine de 2007 à 2015. Dénonçant les mesures d’austérité du nouveau président de centre-droit Mauricio Macri, ils réclament le retour au pouvoir de « Cristina ».

  • Mise en cause pour corruption -

Cristina Kirchner est convoquée par la justice pour s’expliquer sur une vente spéculative de devises par la Banque centrale, dans les derniers mois de son mandat. Le ministre de l’Economie et le président de la Banque centrale de l’époque sont également convoqués dans cette affaire.

Plus grave, l’ex-présidente a été mise en cause samedi dans une affaire de corruption et un procureur a réclamé l’ouverture d’une enquête contre Mme Kirchner pour blanchiment d’argent.

Mme Kirchner, comme son mari Nestor et leur ex-ministre de la Planification Julio De Vido, a été mise en cause par un prévenu, le comptable Leonardo Farina, dans un dossier de détournement de fonds vers des comptes en Suisse, dont le premier détenu de poids est l’homme d’affaires Lazaro Baez, qui s’est considérablement enrichi pendant les années Kirchner.

Le juge fédéral Sebastian Casanello décidera ou pas de donner suite à la procédure.

C’est dans les mains de ce magistrat que se trouve également le dossier Mauricio Macri. Le président en exercice a été éclaboussé par les Panama Papers, qui ont révélé qu’il apparaissait comme dirigeant de deux sociétés offshore appartenant au Groupe Macri, fondé par son père.

  • Le ’facteur rue’ -

Depuis qu’elle a quitté la présidence début décembre, Mme Kirchner a observé un silence total et n’a pas quitté la province de Santa Cruz, en Patagonie, le fief du couple Kirchner.

Fin 2015, on s’interrogeait sur la capacité de gouverner du nouveau président Mauricio Macri, dont la coalition est minoritaire à la Chambre des députés et au Sénat.

Mais, profitant de divisions au sein du kirchnérisme, il a réussi à obtenir l’approbation du Parlement au règlement du vieux contentieux sur la dette, remontant à la crise économique de 2001.

Le kirchnérisme s’est rapidement dissolu au Congrès. Les parlementaires élus sous le drapeau du Front pour le victoire (FPV), coalition de gauche et péroniste, ont retourné leur veste pour soutenir cette loi emblématique présentée par le nouveau gouvernement de centre-droit.

En revanche, le mouvement conserve une forte capacité de mobilisation, « le facteur rue » comme on dit en Argentine, qui a régulièrement empêché des présidents d’achever leur mandat.

12/04/2016 02:28:06 - Buenos Aires (AFP) - © 2016 AFP

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