« Panama Papers » : en Sierra Leone, les diamants de Koidu disparaissent dans les circuits offshore

Vendredi 29 juillet 2016

Enquête

« Panama Papers » : en Sierra Leone, les diamants de Koidu disparaissent dans les circuits offshore

Par Le Monde Afrique

Le MONDE Le 29.07.2016 à 14h43 • Mis à jour le 29.07.2016 à 16h13

[…] Pendant ce temps, les entreprises qui extraient des diamants, du pétrole et d’autres ressources brassent des milliards de dollars aux quatre coins de la planète via des sociétés écrans immatriculées au Panama, dans les îles Vierges britanniques ou dans d’autres paradis fiscaux.

« Que ce soit la poussière, la contamination de l’eau, la perte des terres ou la violence, presque tous les inconvénients des activités minières en Afrique sont supportés par les communautés locales », déclare Tricia Feeney, la directrice exécutive de l’organisation non gouvernementale britannique RAID (Rights and Accountability in Development). « Et tous les bénéfices reviennent à une poignée de magouilleurs, aussi bien des particuliers que des entreprises. »

La mine de diamant de Koidu est exploitée par Koidu Limited, une société fondée aux îles Vierges britanniques en 2003 pour 750 dollars par le cabinet d’avocat Mossack Fonseca, récemment touché par la perte de millions de fichiers connus sous le nom de Panama Papers.

D’après ces documents, la société Koidu Limited appartient à une autre société, Octea Mining Limited, qui appartient elle-même à un ensemble de sociétés offshore basées dans les îles Vierges britanniques, à Guernesey et au Liechtenstein et contrôlées par le milliardaire israélien Benjamin Steinmetz, un magnat du pétrole, et sa famille.

Parmi les diamants extraits autour de la ville de Koidu, beaucoup finissent sur des bagues de fiançailles ou des pendentifs vendus chez Tiffany & Co., le prestigieux bijoutier américain qui a prêté des dizaines de millions de dollars à la société Koidu Limited pour pouvoir avoir accès aux diamants.

Koidu Limited est devenue la compagnie minière la plus en vue, mais également la plus controversée d’Afrique de l’Ouest.

En 2007 et en 2012, des habitants et travailleurs locaux ont protesté contre les conditions de travail et les impacts environnementaux. Lors des deux confrontations, la police a ouvert le feu, tuant 2 personnes en 2007 et 2 autres en 2012, dont un garçon de 12 ans.

Montages offshore

Les diamants de Koidu ont fait leur première apparition dans les « Panama Papers » en 2002, peu de temps après la fin de la guerre civile en Sierra Leone. Les documents de l’époque indiquaient que la fondation privée de la famille Steinmetz s’était engagée à payer 1,2 million de dollars pour l’achat de la licence d’exploitation minière émise par le gouvernement de Sierra Leone pour la mine de Koidu.

La société Koidu Limited est ensuite devenue l’un des clients de l’industrie minière les plus importants du cabinet Mossack Fonseca, avec des centaines d’e-mails et de pièces jointes envoyés sur plus de 10 ans à propos de tâches administratives plus ou moins urgentes, de comptes dans cinq banques différentes de la Sierra Leone et à Londres et d’une ribambelle de prêts pour un total de 170 millions de dollars.

La société minière de Sierra Leone est l’une des 131 sociétés créées par le cabinet Mossack Fonseca et liées à la famille Steinmetz, ainsi qu’à une autre société située à la tête de leur empire, BSG Resources, d’après les dossiers du cabinet.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/07/29/panama-papers-en-sierra-leone-les-diamants-de-koidu-disparaissent-dans-les-circuits-offshore_4976341_3212.html#YSe9BL8ZbZ79wDxI.99

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