La Malaisie refuse l’entraide judiciaire à la Suisse

Samedi 12 novembre 2016

La Malaisie refuse l’entraide judiciaire à la Suisse

Scandale 1MDB Le ministère public va de toutes façons poursuivre son enquête contre un éventuel abus de confiance.

Un ancien directeur général de la banque tessinoise BSI s’est vu infliger vendredi 18 semaines de prison à Singapour. C’est la première personne condamnée dans le cadre du scandale politico-financier 1MDB en Malaisie. Kuala Lumpur a par ailleurs refusé l’entraide judiciaire à Berne.

Yak Yew Chee, Singapourien de 57 ans, était responsable à Singapour des relations entre la banque BSI et le fonds souverain malaisien 1MDB. Il a plaidé coupable de quatre des sept chefs d’inculpation, reconnaissant avoir fait des faux et omis de dénoncer des transactions suspectes liées au fonds. Outre l’emprisonnement, il écope d’une amende de 16’800 francs.

Le parquet de Singapour a souligné que l’accusé avait participé à la gestion d’actifs liés à 1MDB, fonds créé par le Premier ministre malaisien Najib Razak - à son arrivée au pouvoir en 2009 - avec l’aide du financier Low Taek Jho (aussi appelé Jho Low), proche ami de la famille. Yak Yew Chee était le banquier privé de Jho Low.

Entraide judiciaire refusée

Vendredi, la Malaisie a refusé d’accorder l’entraide judiciaire à la Suisse dans le cadre du scandale de blanchiment d’argent du fonds 1MDB. Cette décision ne devrait pas avoir de conséquences directes sur la procédure pénale suisse, qui sera poursuivie en collaboration avec les autres pays impliqués, a réagi le Ministère public de la Confédération (MPC), confirmant une information du Financial Times.

Quant aux raisons qui ont présidé à cette décision, le procureur général de la Confédération ne veut pas spéculer. « Ils nous ont simplement fait savoir que le cadre légal malaisien ne permettait pas d’accepter notre demande », a déclaré Michael Lauber au Financial Times.

Le bureau du parquet malaisien a indiqué au quotidien londonien que la requête de Berne pourrait avoir des conséquences sur le dossier pénal en Malaisie. Les autorités malaisiennes ne souhaitent aucunement empêcher les investigations suisses.

Place financière suisse

Le Ministère public de la Confédération enquête sur un éventuel abus de confiance qui se chiffre en milliards de dollars. Des transactions illégales pourraient concerner la place financière helvétique. Berne avait demandé une première fois l’entraide judiciaire à Kuala Lumpur en janvier 2016. Le parquet malaisien avait promis son aide.

Puis, en octobre dernier, le MPC a réitéré sa requête, ses dernières investigations ayant mis en lumière de nouvelles opérations suspectes : le fonds souverain aurait subi un détournement de 800 millions de dollars, et un système de Ponzi aurait caché ces malversations.

Millions de francs gelés

Le 14 août 2015, le MPC a ouvert une procédure pénale contre deux organes de 1MDB pour corruption d’agents publics étrangers, gestion déloyale des intérêts publics et blanchiment d’argent. Une partie des sommes détournées aurait été déposée en Suisse. Des dizaines de millions de francs ont depuis été gelés dans des banques helvétiques.

En avril 2016, la procédure pénale a été étendue, visant aussi deux anciens agents publics émiratis en charge de fonds souverains d’Abou Dhabi. Ils ont été placés en détention préventive pour escroquerie, gestion déloyale, gestion déloyale des intérêts publics, faux dans les titres, corruption d’agents publics étrangers et blanchiment d’argent.

Banques suisses fermées

Des enquêtes en lien avec le fonds 1MDB sont menées dans plusieurs pays, notamment en Suisse et aux Etats-Unis. Le scandale qui a éclaté il y a plus d’un an éclabousse le chef du gouvernement malaisien, après des révélations du Wall Street Journal selon lesquelles il aurait perçu un milliard de dollars de financements liés à ce fonds, aujourd’hui endetté à hauteur de 10 milliards d’euros.

En juillet, les banques suisses UBS et Falcon Bank ont été sanctionnées financièrement à Singapour pour des manquements dans la lutte contre le blanchiment d’argent liés à cette affaire. Falcon Bank a été contrainte d’y cesser ses opérations, devenant la deuxième banque suisse interdite d’activité à Singapour, après la BSI qui a dû fermer sa filiale en mai.

(ats/nxp)

(Créé : 11.11.2016, 12h47)

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