UBS : dans les coulisses d’une fraude fiscale à 10 milliards

Jeudi 1er décembre 2016

UBS : dans les coulisses d’une fraude fiscale à 10 milliards

Economie|Boris Cassel et Matthieu Pelloli|01 décembre 2016, 4h20 | MAJ : 01 décembre 2016, 8h51

LE FAIT DU JOUR. Recrutés par UBS, de riches clients français ont caché leur fortune en Suisse. Les circuits étonnants d’une fraude géante.

Parties de chasse, tournois de golf, soirées à l’Opéra, places de choix lors des matchs décisifs à Roland-Garros… Pour séduire en France les avocats, sportifs, hommes d’affaires et autres héritiers, l’UBS — l’Union des banques suisses — ne lésinait pas sur les moyens. Des invitations prestigieuses pour mettre en confiance ces grandes fortunes et leur vendre plus facilement des produits financiers. Un business bancaire comme un autre. Apparemment, rien d’illégal. Entre 1999 et 2008, entre 80 et 100 manifestations de ce genre ont été organisées. Sauf qu’après plusieurs années d’enquête, la justice soupçonne UBS d’avoir utilisé ces luxueuses réceptions pour, en réalité, convaincre les grandes fortunes françaises d’ouvrir des comptes en Suisse. Et, ainsi, pouvoir y cacher de l’argent non déclaré au fisc.

C’est, en tout cas, ce que décrit le parquet national financier, dans son réquisitoire définitif — un document faisant le résumé de ces années d’enquête — que « le Parisien » - « Aujourd’hui en France » a pu consulter. « Le principal service fourni par UBS AG à ses […] clients résidents fiscaux français […] a été la possibilité de bénéficier du secret fiscal », relèvent les magistrats. Avant de préciser qu’« UBS AG est décrite […] par plusieurs témoins comme une banque ayant fondé son modèle d’affaires sur les comptes non déclarés […]. »

Des commerciaux démarchaient dans des soirées prestigieuses

A la manœuvre, des commerciaux suisses envoyés, illégalement, en France pour démarcher, dans les soirées prestigieuses, les riches français. Leur présence sur le territoire était un secret de polichinelle au sein de la banque, comme le confesse aux enquêteurs Jean-Louis de Montesquiou, l’ancien président du directoire d’UBS France : « Tout le monde me le rapportait, dont les chargés de clientèle. Une dizaine de fois, il est arrivé que des clients me lâchent le morceau en me disant qu’ils avaient rencontré des chargés d’affaires suisses. Même moi, à l’aéroport, j’en ai croisé deux, une fois, en allant chercher mes enfants. » Voilà le genre de témoignages qui ont poussé le parquet national financier à demander un procès pour « démarchage bancaire illicite » et « blanchiment de fraude fiscale ». Lire la suite.

Revenir en haut