Barclays et d’ex-dirigeants poursuivis pour des opérations avec le Qatar

Mardi 20 juin 2017

Économie Brève

Barclays et d’ex-dirigeants poursuivis pour des opérations avec le Qatar

20 juin 2017 Par Agence Reuters

Barclays et quatre de ses anciens dirigeants sont poursuivis au pénal pour des versements, non divulgués à l’époque, à des investisseurs qataris lors d’une levée de fonds de 12 milliards de livres (13,5 milliards d’euros) réalisée par la banque au plus fort de la crise financière de 2008.

LONDRES (Reuters) - Barclays et quatre de ses anciens dirigeants sont poursuivis au pénal pour des versements, non divulgués à l’époque, à des investisseurs qataris lors d’une levée de fonds de 12 milliards de livres (13,5 milliards d’euros) réalisée par la banque au plus fort de la crise financière de 2008.

Le Serious Fraud Office, le service britannique de lutte contre les fraudes financières, a dit mardi qu’il inculpait Barclays pour tentative de fraude et de soutien financier abusif, ce qui en fait la première banque poursuivie au pénal pour des actes commis pendant la crise financière.

Barclays a dit qu’elle étudiait sa position et qu’elle attendait plus de précisions sur les charges retenues à son encontre par le SFO à l’issue de cinq ans d’enquête sur une injection massive de capital qui lui avait permis d’éviter le sort de Lloyds et RBS, toutes deux renflouées sur fonds publics.

Le SFO poursuit aussi quatre ex-hauts dirigeants de Barclays, John Varley, Roger Jenkins, Thomas Kalaris et Richard Boath, après l’enquête sur la levée de fonds en deux temps qui incluait un prêt de 3 milliards de dollars de Barclays à l’émirat de Golfe.

Ce prêt versé au Qatar en novembre 2008 pourrait enfreindre la loi si le SFO peut prouver qu’il était lié à l’apport de fonds de l’émirat à la banque. Les entreprises cotées ont l’interdiction en Grande-Bretagne de prêter des fonds à des investisseurs pour l’achat de leur propres actions, une pratique considérée comme un soutien financier abusif.

Un avocat de Roger Jenkins a dit qu’il se « défendrait vigoureusement » contre les accusations portées à son encontre ajoutant que son client avait bénéficié de conseils juridiques aussi bien internes qu’externes à l’époque.

Richard Boath a dit qu’il n’avait pas à répondre à des accusations puisqu’il avait fait part de ses préoccupations à propos des décisions prises par la banque à l’époque aussi bien à ses dirigeants qu’à des avocats chevronnés qui l’avaient rassuré sur leur légalité.

« La décision du SFO de me poursuivre est fondée sur une interprétation erronée de mon rôle et des faits. Je n’étais pas décisionnaire et n’avait aucun contrôle sur ce que la banque a fait en 2008 », a-t-il déclaré dans un communiqué.

« Les preuves que j’ai apportées sont très claires : je n’ai à répondre d’aucune accusation. »

Un avocat représentant John Varley, qui a démissionné de ses fonctions d’administrateur indépendant de Rio Tinto avec effet immédiat après les accusations du SFO, s’est refusé à tout commentaire de même qu’un conseil de Thomas Kalaris.

Les quatre hommes sont les plus hauts dirigeants de banque à être inculpés en Grande-Bretagne pour des délits présumés commis pendant la crise financière et ils encourent des peines de prison allant jusqu’à dix ans s’ils sont reconnus coupables. Ils comparaîtront le 3 juillet.

CONFORTABLES PLUS-VALUES

Le cabinet d’avocats britannique RPC a dit qu’il étudiait la possibilité de poursuites au civil pour le compte d’actionnaires de Barclays après les accusations portées par le SFO.

Barclays, première banque à faire l’objet de poursuites depuis que David Green a pris la tête du SFO en 2012, pourrait être mise à l’amende.

Le Qatar, qui a de nombreux intérêts en Grande-Bretagne, n’a fait l’objet d’aucune accusation.

John Varley, ex-directeur général de la banque, Roger Jenkins, ancien responsable des ses activités de banque d’investissement au Moyen-Orient, Thomas Kalaris, qui était directeur général de la division gestion privée de Barclays, et Richard Boath, ex-directeur des institutions financières pour l’Europe, ont été inculpés de tentative de fraude du fait de déclarations mensongères lors de l’opération de levée de fonds de juin 2008.

John Varley et Roger Jenkins sont inculpé du même chef pour la deuxième opération d’augmentation de capital d’octobre 2008. Ils sont aussi inculpés de tentative d’obtention d’un soutien financier illicite, a dit le SFO.

Ce dernier a concentré son enquête sur les arrangements commerciaux entre Barclays et des investisseurs qataris lors des deux augmentations de capital d’urgence réalisées en juin et en octobre 2008, au plus fort de la crise financière.

Qatar Holding, partie intégrante du fonds souverain qatari, et Challenger, un véhicule d’investissement de l’ancien Premier ministre qatari, le cheikh Hamad ben Jassem ben Jaber al Thani, ont investi près de 5,3 milliards de livres dans Barclays.

Les autorités britanniques ont cherché à déterminer si des versements au Qatar effectués par Barclays au même moment, comme 322 millions de livres au titre d’une convention d’assistance et de conseil ainsi qu’un prêt de plusieurs milliards de dollars, avaient été effectués de bonne foi et rendus publics correctement.

Le Qatar, qui a réalisé une confortable plus-value sur son investissement dans Barclays, en demeure le principal actionnaire avec une participation d’environ 6%, selon des données de Thomson Reuters.

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