Yves Bouvier est soupçonné de devoir 165 millions au fisc

Lundi 4 septembre 2017

Yves Bouvier est soupçonné de devoir 165 millions au fisc

Créé : 04.09.2017, 12h00

Toiles de maîtres Les Impôts fédéraux ouvrent une enquête spéciale sur les revenus encaissés par le marchand d’art « roi des Ports Francs », actuellement au centre d’une guerre judiciaire l’opposant à un milliardaire russe.

Nouvel épisode dans la saga judiciaire qui touche le marchand d’art genevois propriétaire de société Natural Le Coultre. Alors qu’il fait l’objet d’une procédure à Monaco pour escroquerie et complicité de blanchiment en lien avec la vente de 37 tableaux de maître à l’oligarque russe Dmitri Rybolovlev, Yves Bouvier est désormais soupçonné en Suisse de soustraction massive d’impôt sur une période de dix ans.

Le 13 mars dernier, le chef du département fédéral des finances, Ueli Maurer, a autorisé le fisc à ouvrir une « enquête spéciale » contre le Genevois en raison de « soupçons de graves infractions fiscales », révèle une décision du Tribunal pénal fédéral publiée ce lundi. Cette enquête spéciale permet notamment à l’Administration fédérale des contributions (AFC) de procéder à des perquisitions et prononcer des séquestres.

Derrière le rideau des sociétés-écrans

En lisant cette décision, on découvre que l’AFC soupçonne Yves Bouvier d’avoir notamment encaissé d’importantes dividendes de deux sociétés qui lui sont liées – l’une domiciliée à Hong Kong, l’autre dans les îles Vierges britanniques. Des revenus qu’il n’aurait pas déclaré au fisc suisse, selon les percepteurs fédéraux. L’AFC affirme également qu’Yves Bouvier réside toujours en Suisse, bien qu’il possède une adresse à Singapour depuis 2009. La soustraction fiscale présumée aurait duré de 2005 à 2015. Yves Bouvier aurait ainsi évité de payer la coquette somme de 80,9 millions de francs d’impôts.

Ce n’est pas tout. Durant la même période, les deux sociétés « offshore » liées à l’homme qui a longtemps été présenté comme le pilier du système des Ports Francs genevois auraient généré des bénéfices imposables en Suisse. Eux non plus n’auraient pas été déclarés. Ces revenus proviendraient de l’utilisation, en tant qu’intermédiaires, de ces sociétés dans le commerce d’œuvres d’art de Yves Bouvier. Là aussi les montants en jeu sont énormes : les impôts dus par les deux sociétés sont estimés à 84,2 millions de francs – plus les intérêts de retard. Lire la suite.

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