Saint-Barth la huppée, Saint-Martin la divisée

Vendredi 8 septembre 2017

Ouragan Irma

Saint-Barth la huppée, Saint-Martin la divisée

Par Florian Bardou — 7 septembre 2017 à 20:56

La première, collectivité française d’outre-mer de 9 500 habitants, est d’abord connue en tant qu’île des millionnaires. La seconde, bien plus peuplée, est partagée entre la France et les Pays-Bas.

Certains people, Johnny et Laeticia Hallyday, Jean Reno, l’oligarque Roman Abramovitch, y ont une résidence secondaire ; d’autres, tels Leonardo DiCaprio, Bono, Marc Jacobs, Salma Hayek y passent régulièrement leurs vacances en hiver.

Dans l’imaginaire collectif, l’île de Saint-Barthélemy et sa capitale Gustavia, frappées de plein fouet mercredi par l’ouragan Irma (voir ci-contre) sont le hot spot de villégiature du gotha mondialisé. Cet Eden aride et rocailleux de 24 km2, à 230 km au nord de la Guadeloupe, est d’ailleurs inaccessible en avion - sauf pour les petits engins de moins de 15 places au départ de l’aéroport international de Saint-Martin. Un poil plus au nord de l’arc des Antilles, cette seconde île, moitié française, moitié néerlandaise, où 95 % des habitations ont été détruites par le cyclone, est beaucoup moins connue du quidam français que des touristes nord-américains, qui s’y déversent par paquebots et charters.

Statut à part

Outre l’azur de leurs lagons, Saint-Barth (environ 9 500 habitants) et la partie française de Saint-Martin (35 000) partagent un point en commun de taille : leur statut à part de collectivités d’outre-mer (COM) obtenu lors de la révision constitutionnelle de 2007. Cette autonomie, plébiscitée par les locaux lors d’un référendum en 2003, était d’ailleurs une revendication de longue date, notamment pour officialiser le régime d’exonération fiscale et douanière. « La volonté d’autonomie traduisait ce besoin de s’affirmer économiquement par rapport à la Guadeloupe, explique François Taglioni, professeur à l’université de la Réunion. Aujourd’hui, ce sont des paradis fiscaux dotés d’un statut de zone franche. »

[…] Déséquilibre

A la différence de Saint-Barthélemy, l’île favorite des milliardaires depuis l’installation des Rockefeller en 1957, se dorer la pilule à Saint-Martin est l’affaire des masses. Selon l’Institut d’émission des départements d’outre-mer, 2,4 millions de touristes, principalement des croisiéristes nord-américains, se sont agglutinés en 2013 sur les plages de l’île franco-néerlandaise, tandis que 321 000 VIP fortunés profitaient des plages de Saint-Barth.

[…] En 2014, un rapport parlementaire indiquait que ce déséquilibre, couplé aux difficultés touristiques, se traduisait, pour la partie française de l’île, par un taux de chômage massif de 27,1 % de la population active (deux fois plus élevé que de l’autre côté de la frontière). Ce qui entraîne une grande précarité (10 % des Saint-Martinais étant allocataires du RSA), et nourrit le crime organisé. Un décor beaucoup moins paradisiaque qu’il n’en a l’air. Lire la suite

Revenir en haut