Le temps des « cyberguerres »

Jeudi 14 septembre 2017

Le temps des « cyberguerres »

Dans sa chronique hebdomadaire, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde », explique que s’il y a plutôt moins de conflits armés aujourd’hui qu’hier, en revanche, le cyberespace est un lieu sans cesse plus conflictuel.

LE MONDE | 14.09.2017 à 06h43 • Mis à jour le 14.09.2017 à 07h04

CHRONIQUE. Imaginez qu’une entité étrangère neutralise le système de santé publique d’Ile-de-France. Puis qu’elle s’en prenne à la distribution de l’électricité à Paris. Qu’elle brouille les services de la météo, manipule les courriels du président Emmanuel Macron et s’attaque aux communications de l’armée et de la police. Tout ça à partir d’un clavier d’ordinateur. Personne n’est tué, au moins directement. Aucun bâtiment n’est détruit. Pourtant, même les plus pointilleux des polémologues diraient unanimement : c’est la guerre – on nous déclare la guerre.

Dans l’ère pré-Internet, il y a très longtemps, la France aurait cherché à identifier la provenance de l’agression et serait entrée en conflit armé avec l’assaillant, Etat ou groupe terroriste. On était alors en terrain connu, le monde physique, celui dans lequel on distingue à coup sûr un pilonnage d’artillerie d’un vol d’étourneaux.

Mais, dans les exemples cités ci-dessus, on est ailleurs, dans le silence du cyberespace. Ni chair ni sang, ici, dans ce lieu constitué très tard depuis la création du monde, mais où, par la grâce de la grande révolution numérique, se déroule désormais une bonne partie de nos activités.

L’endroit est dangereux : les affrontements y sont quotidiens. L’époque est paradoxale. En dépit de la constance des guerres moyen-orientales, il y a plutôt moins de conflits armés aujourd’hui qu’hier et il n’est pas sûr qu’ils fassent plus de morts qu’avant. En revanche, le cyberespace est un lieu sans cesse plus conflictuel. Les cyberarmes sont de plus en plus sophistiquées. Peut-on parler d’un état de « cyberguerre » quasi généralisé ? Prédiction de la majorité des experts : avant longtemps, un Etat répliquera par la guerre (conventionnelle) à une attaque informatique.

Cette nouvelle aire de conflits entre Etats est fort bien décrite dans le Ramses 2018 (Dunod, 350 p., 27 euros) – l’état du monde que dresse tous les ans l’Institut français…

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/09/14/le-temps-des-cyberguerres_5185299_3232.html#mf6j6A2f7m36yI7V.99

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