Affaire Merah : les leçons tardives du renseignement

Lundi 2 octobre 2017

Affaire Merah : les leçons tardives du renseignement

Le procès d’Abdelkader Merah, qui s’ouvre lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris, s’annonce malgré lui comme celui des failles de l’époque.

LE MONDE | 30.09.2017 à 10h55 • Mis à jour le 02.10.2017 à 08h17 | Par Elise Vincent

L’exercice est inévitable. Le procès d’Abdelkader Merah s’annonce malgré lui comme celui de l’examen de méthodes un peu datées des services de renseignement, même si les quelque 230 parties civiles, devant la cour d’assises spéciale, à partir de lundi 2 octobre, risquent d’y être sensibles. A cette occasion, les angles morts du concept de « loup solitaire », qualificatif employé à l’époque par Bernard Squarcini, alors patron de la direction centrale du renseignement intérieur (future DGSI), ne manqueront pas d’être rappelés. Depuis 2012, néanmoins, beaucoup de choses ont changé.

Il est ainsi intéressant de noter le temps qu’il a fallu pour que le diagnostic posé dès cette époque soit mis en œuvre. Dans la foulée de l’onde de choc de l’affaire Merah, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) rédige un rapport aujourd’hui accessible en ligne. Intitulé « Affaire Merah, réflexions et propositions », il date du 19 octobre 2012 et critique assez vertement les manquements d’alors. Y sont préconisées presque toutes les principales évolutions de l’antiterrorisme actées depuis. Mais c’est en 2014 seulement, avec l’explosion des départs de Français pour la zone irako-syrienne, que le branle-bas de combat est lancé.

[…] Les « failles » du suivi de Mohamed Merah, dont on a découvert après sa mort dans une vidéo retrouvée sur une clé USB gardée sur lui qu’il se revendiquait d’Al-Qaida, sont donc identifiées dès 2012. Parmi elles : les carences du renseignement local à la suite de la fusion maladroite, en 2008, des renseignements généraux (RG) et de la direction de la surveillance du territoire (DST). Depuis, l’organisation a été revue et les effectifs nettement renforcés, mais ce sera seulement d’ici à la fin de l’année qu’ils atteindront le seuil de 2 650, contre 2 000 en 2014.

Autres ratages de l’époque Merah : l’étape de sa radicalisation en prison en 2009, puis l’appréhension tardive, mi-2011, de son statut de mi-bandit des cités, mi-musulman pieux, au contact de tout ce que compte la petite communauté salafiste toulousaine. Aucune décision opérationnelle n’en est alors tirée. Ces défauts d’analyse et de coordination entre direction centrale et locale du renseignement intérieur d’un côté, et administration pénitentiaire de l’autre, ont été aujourd’hui profondément améliorés. L’affaire Merah ne serait pas ce qu’elle a été aussi, si l’on met de côté la brève tentative du renseignement de le recruter comme source…

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/police-justice/article/2017/09/30/affaire-merah-les-lecons-tardives-du-renseignement_5194033_1653578.html#T3GHc6T0778KCxlH.99

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