Double-jeu de la France aux Malouines

Dimanche 29 octobre 2017

Double-jeu de la France aux Malouines

Par AFP Mis à jour le 05/03/2012 à 22:01 Publié le 05/03/2012 à 21:54

La France a joué double jeu dans la guerre des Malouines entre le Royaume-Uni et l’Argentine en 1982, selon une émission de la BBC diffusée ce soir, où un ancien ministre britannique de la Défense évoque la « duplicité » française. En dépit de l’embargo immédiatement déclaré par le président François Mitterrand sur les ventes d’armes et l’assistance à l’Argentine, une équipe technique de Dassault était présente du côté argentin pendant la guerre (2 avril-14 juin 1982) et a contribué au bon fonctionnement des missiles, selon le programme.

L’émission « Document », diffusée à un moment où une « guerre des mots » fait rage depuis plusieurs semaines entre Londres et Buenos Aires à l’approche du 30e anniversaire du conflit, donne la parole à plusieurs acteurs de l’époque. Officiellement, le ministre britannique de la Défense John Nott a décrit dans ses mémoires la France comme « le meilleur des alliés ». En coulisses, il en va autrement, selon l’émission. Dans une note du 7 avril, l’ambassadeur français à Londres Emmanuel de Margerie décrit le Premier ministre Margaret Thatcher comme « impérialiste et obstinée », avec une tendance à « se laisser emporter par ses instincts combatifs ».

La présence de l’équipe technique française en Argentine a été confirmée en 1982 par son chef à une journaliste du Sunday Times. Hervé Colin expliquait avoir contrôlé les lanceurs de missiles argentins pour déterminer pourquoi trois sur cinq ne fonctionnaient pas. « Nous avons localisé la source du problème », avait-il indiqué. Les missiles Exocet vendus par la France avant le conflit ont été tirés avec succès par les Argentins sur deux navires britanniques, le HMS Sheffield et l’Atlantic Conveyor, tuant 32 Britanniques.

La BBC n’a pu joindre Hervé Colin, et Dassault s’est dit incapable après 30 ans de déterminer s’il avait ou non une équipe sur place. Le gouvernement français n’était absolument pas au courant, assure dans l’émission le conseiller du ministre de la Défense, François Heisbourg. Mais un ancien responsable de la DGSE, Pierre Lethier, confie à la BBC que non seulement ses services étaient au courant, mais qu’un des membres de l’équipe leur fournissait des informations. Il qualifie en revanche l’aide cruciale apportée par l’équipe aux Argentins d’acte « proche de la trahison », compte tenu de l’embargo prononcé par la France. Interrogé sur ces faits nouveaux, l’ex-ministre de la Défense John Nott ne mâche pas ses mots : « Si vous me demandez si les Français pratiquent la duplicité, la réponse est : oui, bien sûr, et ils l’ont toujours fait ».

AFP

Revenir en haut