Journaliste assassinée : Europol va enquêter

Vendredi 27 octobre 2017

Journaliste assassinée : Europol va enquêter

Malte Europol va participer à l’enquête sur le meurtre de la journaliste et blogueuse anticorruption maltaise.

Trois enquêteurs d’Europol sont attendus à Malte pour aider à retrouver les meurtriers de la journaliste et blogueuse anticorruption Daphne Caruana Galizia, a annoncé jeudi la police maltaise dans un communiqué.

Des experts néerlandais et des agents de la police fédérale américaine (FBI) participent déjà à l’enquête sur l’attentat ciblé à la voiture piégée le 16 octobre, tandis que le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a demandé mardi une « enquête internationale ».

Dans son communiqué, la police n’a fourni que très peu d’éléments sur l’enquête, prévenant seulement qu’il était trop tôt pour dire si l’explosif utilisé était du Semtex ou de la TNT. Des échantillons prélevés sur le lieu du crime ont été envoyés pour analyse dans des laboratoires étrangers, et des équipes travaillent jour et nuit sur les éléments fournis par la population.

Pas confiance

Le gouvernement a débloqué un million d’euros pour récompenser toute information permettant de mener aux auteurs et aux commanditaires du meurtre. Mais dans le plus petit pays de l’Union européenne (430’000 habitants), beaucoup ne font pas confiance aux responsables judiciaires et policiers, dont plusieurs avaient été visés par les attaques au vitriol de la blogueuse.

Jeudi soir, un groupe de femmes se sont installées avec des tentes sur une place historique de La Valette, annonçant un sit-in de quatre jours pour réclamer le départ du chef de la police et du ministre de la Justice, et leur remplacement par des personnalités validées par les deux-tiers du Parlement.

« Si le Parlement, de part et d’autre, n’arrive pas à entendre ce qu’on a à dire, alors nous devons descendre dans la rue, le plus possible, et peut-être que quelqu’un nous écoutera », a déclaré à l’AFP une porte-parole, Clemence Dujardin.

Feuilles de laurier

Les trois fils de Mme Caruana Galizia ont fait livrer aux manifestantes une pizza avec des feuilles de laurier provenant du jardin de leur mère, expliquant dans une note scotchée sur la boîte que ces feuilles étaient un symbole « de force et de courage ».

Devant les journalistes, une militante de la Fondation Integra, Maria Pisani, a expliqué que le mouvement était également un appel au peuple. « Pendant trop longtemps, notre pays a été enchaîné par une culture d’impunité, le népotisme et la normalisation des abus de pouvoir. Il est temps de demander des comptes à notre gouvernement, à nos partis politiques et à notre Parlement », a-t-elle lancé. « Nous voulons la sécurité, la protection, l’honnêteté et l’intégrité. Nous voulons reprendre confiance dans notre pays, dans notre avenir, dans l’avenir de nos enfants. Et nous voulons que cela commence maintenant », a-t-elle ajouté.

« Wikileaks à elle toute seule »

A l’appel d’un réseau citoyen apolitique dans ce pays marqué par des fractures partisanes ancestrales, des milliers de Maltais étaient descendus dimanche dans les rues de La Valette pour réclamer unité et justice. Le même réseau a appelé à un rassemblement similaire dimanche prochain.

Souvent qualifiée de « Wikileaks à elle toute seule », Mme Caruana Galizia, 53 ans, avait révélé certains des pans les plus sombres de la politique maltaise, s’en prenant avec virulence au Premier ministre travailliste, Joseph Muscat, et plus récemment aussi au chef de l’opposition.

Après sa mort, ses fils ont réclamé la démission de M. Muscat, l’accusant de s’être entouré d’escrocs et d’avoir créé une culture d’impunité ayant transformé Malte en « île mafia ». La justice n’ayant pas encore rendu le corps de la blogueuse à sa famille, les funérailles, qui pourraient rester privées, ne sont pas attendues avant la semaine prochaine.

(afp/nxp)

Créé : 26.10.2017, 23h53

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