Le livre qui rend fou Alexandre Djouhri

Vendredi 2 mars 2018

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Le livre qui rend fou Alexandre Djouhri

La parution du livre de Philippe Bohn, « Profession : agent d’influence », fait enrager l’homme d’affaires soupçonné d’avoir joué l’intermédiaire dans le supposé financement libyen de la campagne de Sarkozy en 2007.

Par Caroline Michel Publié le 02 mars 2018 à 13h11

Il fait partie de ces hommes que l’on n’entend jamais normalement. Philippe Bohn a été pendant trente ans un « homme d’influence » au bénéfice de grands groupes industriels français (Elf-Aquitaine, Vivendi), un bâtisseur de réseaux visant à décrocher des contrats qui se comptent en millions d’euros. Aujourd’hui directeur général d’Air Sénégal, Bohn était auparavant l’un des messieurs Afrique d’EADS, le fabricant d’Airbus, en charge en particulier de la Libye. La parution de ses Mémoires, « Profession : agent d’influence » (*), ces jours-ci chez Plon a rendu fou de rage un homme qui a passé la semaine dans une prison londonienne : Alexandre Djouhri.

Ce dernier est sous le coup d’un mandat d’arrêt européen émis par la justice française, qui le réclame dans le cadre de l’enquête sur le supposé financement libyen de la campagne de Sarkozy en 2007. Le mystérieux homme d’affaires saura aujourd’hui, vendredi 2 mars, si les juges anglais acceptent de le libérer en attendant l’examen au fond de la demande de la justice française, initialement prévu le 17 avril.

« Particulièrement menaçant »

Philippe Bohn avait été perquisitionné à son domicile et entendu en audition libre dans ce dossier en mars 2014. Les trois juges en charge de l’instruction libyenne, Serge Tournaire, Aude Buresi et Clément Herbo, lui ont demandé ce qu’il savait d’une commission de 6 millions d’euros qu’aurait pu toucher Alexandre Djouhri sur la vente de douze Airbus à la compagnie libyenne Afriqayah en novembre 2006. Voici ce que Bohn raconte de l’intervention d’Alexandre Djouhri en Lybie :

« Dans la collection de ces entremetteurs de tout acabit, qui s’incrustent dans les coulisses du pouvoir et parasitent la mécanique des grands contrats, l’homme d’affaires Alexandre Djouhri fut l’un des comparses les plus encombrants de Claude Guéant. […] Ayant été en responsabilité de la prospection du marché libyen pour Airbus, je suis bien placé pour savoir que ce ’coucou’ du business n’a joué aucun rôle dans la négociation du contrat et que de telles prétentions n’auraient aucune justification, comme la direction d’EADS l’a indiqué à maintes reprises. Créer l’illusion de l’utilité, souvent avec la complicité de quelques parties prenantes qui y trouvent avantage, est un grand classique et un acte essentiel à la survie de certains individus interlopes qui gangrènent régulièrement les contrats internationaux des entreprises. » Lire la suite.

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