Jörg Kukies, ou l’arrivée de Goldman aux manettes allemandes

Mercredi 11 avril 2018

Finance

Jörg Kukies, ou l’arrivée de Goldman Sachs aux manettes allemandes

Par Johanna Luyssen, correspondante à Berlin — 20 mars 2018 à 18:35

Le nouveau ministre des Finances, le social-démocrate Olaf Scholz, vient de nommer comme secrétaire d’Etat en charge de l’Europe et des marchés financiers le coprésident du directoire de la banque d’investissement en Allemagne et en Autriche. La gauche s’inquiète.

[…] Ce banquier de 50 ans possède la particularité d’être membre du Parti social-démocrate ; il a dirigé l’aile des « Jusos », les jeunes du SPD, en Rhénanie-Palatinat, juste avant la future cheffe du parti, Andrea Nahles. Il travaille chez Goldman Sachs depuis dix-sept ans, et il occupe ce haut poste depuis 2014. La presse relève, taquine, qu’il va troquer son salaire d’un million d’euros annuels contre un traitement de secrétaire d’Etat – environ 160 000 euros par an.

[…] Vol fiscal

Un ex-dirigeant de Goldman Sachs, banque qui a aidé la Grèce à maquiller ses comptes publics dès 2001, puis participé à la chute d’un pays qu’elle était par ailleurs mandatée pour conseiller, aura donc sous sa tutelle des questions cruciales telles que l’achèvement de l’union bancaire au sein de l’UE.

[…] Goldman Sachs est internationalement connue pour ses liens étroits avec la politique. Le ministère des Finances, encore plus précisément dans le contexte des scandales "cum-ex" et "cum-cum", doit montrer recul et distance face à l’industrie bancaire. »

« Cum-ex », et sa variante « cum-cum », désignent en effet une série de manœuvres fiscales illégales, qui ont donné lieu à ce qui est unanimement désigné comme le plus grand vol fiscal de l’histoire allemande. Il implique des banques, dont Goldman Sachs. Il ne s’agit pas de fraude fiscale, car ce ne sont pas des techniques pour contourner l’impôt, encore moins de l’optimisation fiscale ; c’est tout simplement du vol. Pendant des années en effet, grâce à des montages financiers, des investisseurs ont fait en sorte d’obtenir des remboursements indus par le Trésor public allemand. Lire la suite.

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