« Projet Daphne » : Pilatus, la banque maltaise qui recycle l’argent de l’Azerbaïdjan dans toute l’Europe

Mercredi 18 avril 2018

« Projet Daphne » : Pilatus, la banque maltaise qui recycle l’argent de l’Azerbaïdjan dans toute l’Europe

« Le Monde » et dix-sept autres médias, partenaires de Forbidden Stories, poursuivent l’enquête démarrée par la journaliste assassinée Daphne Caruana Galizia.

LE MONDE | 18.04.2018 à 17h59 • Mis à jour le 18.04.2018 à 22h16 | Par Anne Michel et Jean-Baptiste Chastand

Sur les photos et les vidéos encore en ligne il y a quelques semaines, la noce semble avoir été un véritable enchantement. Un débordement de luxe, dans un cadre exceptionnel : les jardins de l’hôtel Four Seasons de Florence. Feux d’artifice, statues de la Renaissance et robes de soirée, rien n’est trop beau pour le golden boy iranien qui célébrait son mariage, ce jour de juin 2015.

A 35 ans, tout sourit à Ali Sadr Hasheminejad, qui compte même parmi ses invités un premier ministre européen : Joseph Muscat a fait le déplacement depuis Malte, avec son plus proche conseiller et chef de cabinet, Keith Schembri. Car depuis la fin 2013, Ali Sadr a ouvert sur la petite île méditerranéenne une discrète banque privée, la Pilatus Bank.

L’homme a beau se savoir surveillé par le FBI américain, les autorités maltaises ont l’avantage d’être peu regardantes. Il a donc obtenu sans problème une licence bancaire, qui lui permet d’opérer dans toute l’Union européenne. Trois ans plus tard, Ali Sadr pense-t-il encore à son luxueux mariage, dans la cellule de la prison américaine où il est enfermé depuis le 19 mars ? Poursuivi aux Etats-Unis pour violation des sanctions américaines contre l’Iran, l’homme risque cent vingt-cinq ans de prison. Sa banque à Malte a été placée sous tutelle, ses actifs gelés. Les invités du mariage ont tous pris soin de retirer les photos du mariage sur Facebook ou Instagram.

La chute spectaculaire du golden boy doit beaucoup à Daphne Caruana Galizia, qui dénonçait la corruption et a été assassinée, le 16 octobre, dans l’explosion de sa voiture. La journaliste maltaise avait découvert les liens d’intérêts entre la banque et le gouvernement maltais, ainsi que l’existence de comptes bancaires ouverts pour des proches du régime azerbaïdjanais. Elle soupçonnait la Pilatus Bank de véhiculer des opérations douteuses – voire de blanchir des fonds. Ali Sadr avait été jusqu’à la poursuivre devant la justice américaine, pour la faire taire…

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/projet-daphne/article/2018/04/18/pilatus-la-banque-maltaise-qui-recycle-l-argent-de-l-azerbaidjan-en-europe_5287282_5286994.html#gjAP2fYO7p8tbYLh.99

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