Extradition : ce que contient le dossier Djouhri

Mercredi 19 décembre 2018

Soupçons de financement libyen

Extradition : ce que contient le dossier Djouhri

Par Laurent Léger, publié le 19/12/2018 à 07:00 , mis à jour à 12:07

L’Express révèle le rapport du parquet adressé à Londres à l’encontre de l’homme d’affaires, qui conteste son extradition.

Il continue d’inonder ses amis dans le monde entier de coups de fil et d’échanges sur la messagerie cryptée Telegram. Récemment, il a perdu une proche et a tempêté de ne pouvoir se rendre à ses obsèques. La faute aux juges français, qui ont émis le mandat d’arrêt sur la base duquel Alexandre Djouhri a été interpellé à Londres, le 7 janvier 2018. La faute à ces « fatigués de la timbale », comme il les surnomme. Chargés de débroussailler le financement libyen supposé de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007, les magistrats sont persuadés que l’influent businessman a joué un rôle majeur dans la distribution d’argent provenant des caisses de Kadhafi et réclament son extradition.

Embastillé à Londres, libéré puis arrêté de nouveau, puis relâché pour raisons de santé, opéré du cœur, il peste contre le sort qui lui est réservé, lui, la « victime enchaînée à son lit d’hôpital ». Après avoir maraudé sous les ors de la République, dans l’entourage de Chirac puis de Sarkozy, fréquenté les palais des potentats africains ou des milliardaires du Golfe, le voilà obligé de pointer au commissariat… Mais même assigné à résidence, Djouhri ne déroge pas pour autant à ses habitudes : le Dorchester, son palace fétiche, où il déjeune et donne ses rendez-vous, est situé dans le périmètre qu’il lui est permis d’arpenter. Ouf !

Un rapport de 27 pages

Avant les audiences qui seront consacrées à son extradition à partir du 21 janvier 2019, L’Express révèle le rapport de 27 pages adressé au special prosecutor de Londres par le Parquet national financier (PNF), le 22 février dernier, un document dans lequel le conditionnel n’est pas de mise. Pour résumer, l’enquête « démontre son implication centrale dans un réseau organisé de corruption, ayant agi en France comme à l’étranger », assènent les magistrats. Détournement de fonds, corruption, blanchiment d’argent… les infractions relevées peuvent lui valoir dix ans de prison.

Tout d’abord, le PNF reproche à Alexandre Djouhri d’avoir détourné 10 millions d’euros provenant du fonds souverain libyen, en lui vendant, via « l’interposition d’une société panaméenne » qui lui appartenait, la villa dont il était propriétaire à Mougins, sur la Côte d’Azur. Le prix aurait été largement surévalué : « 10 millions d’euros » alors que la villa, grevée de surcroît d’une dette fiscale de 1,5 million, avait été estimée à « 1,8 million d’euros ». Cette belle opération, point de départ des ennuis de l’homme d’affaires, n’aurait pu se faire sans ses bons amis. Lire la suite.

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