Vestager, bête noire de la Silicon Valley, sur les rangs pour succéder à Juncker

Jeudi 21 mars 2019

Bruxelles

Vestager, bête noire de la Silicon Valley, sur les rangs pour succéder à Juncker

Par AFP , publié le 21/03/2019 à 18:17 , mis à jour à 18:17

Bruxelles - La Danoise Margrethe Vestager, candidate à la succession de Jean-Claude Juncker, est l’une des stars de la Commission européenne, qui n’a pas hésité à affronter les géants de la Silicon Valley ou à interdire la fusion Siemens-Alstom prônée par Paris et Berlin.

Jeudi, lors du coup d’envoi à Bruxelles de la campagne des libéraux et centristes rassemblés dans le groupe ALDE, quatrième force du Parlement européen, Mme Vestager était incontestablement la personnalité la plus en vue.

Présentée la dernière parmi les sept personnes chargées de mener les libéraux à la victoire, celle qui aurait en partie inspiré la très populaire série télévisée danoise « Borgen, une femme au pouvoir », a été la plus applaudie.

« Le plus important désormais c’est de motiver les gens pour aller voter et s’investir dans le débat », a déclaré jeudi la Danoise, cheveux poivre et sel coupés court et sourire éclatant.

Déjà, lors d’un entretien en novembre à l’AFP, alors que commençaient à courir les rumeurs sur sa candidature, Mme Vestager avait mis en garde contre une forte abstention aux européennes de mai.

« Pour beaucoup de gens, l’Europe n’a pas complètement tenu ses promesses et il faut par conséquent réaffirmer ses valeurs fondamentales », avait-elle déclaré, décidée à détourner les électeurs des sirènes du populisme.

Elle avait aussi plaidé pour une nouvelle Commission européenne « plus diverse » que celle présidée depuis 2014 par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, « aussi bien en terme de genre, d’âge que d’origine ».

Responsable depuis cinq ans d’un des portefeuilles les plus importants dans l’exécutif européen, celui de la Concurrence, Mme Vestager, qui aura 51 ans en avril, dispose — contrairement à beaucoup de ses collègues — d’un réel pouvoir de sanction. Ceci expliquant d’ailleurs en partie sa notoriété.

Elle est réputée intransigeante, voire « dure à cuire » comme l’a qualifié jeudi en plaisantant le président du parti ALDE, l’eurodéputé néerlandais Hans van Baalen, en lançant la campagne.

  • Fille de pasteurs luthériens -

Le tableau de chasse de Margrethe Vestager comprend une liste impressionnante d’entreprises américaines : Amazon, Apple, Google, Starbucks, McDonald’s… ce qui lui a valu le courroux de Donald Trump, le président américain l’accusant de détester les États-Unis.

Elle a ainsi sommé Apple, à l’été 2016, de rembourser 13 milliards d’euros d’arriérés d’impôts à l’Irlande, et a mis Google à l’amende pour abus de position dominante à trois reprises (dont la dernière fois pas plus tard que mercredi) pour un total de 8,25 milliards d’euros si l’on additionne toutes les sanctions.

Appréciée des médias, cette fille de pasteurs luthériens et épouse d’un professeur de mathématiques donne l’impression d’être accessible, accueillant avec une simplicité propre aux dirigeants d’Europe du Nord les journalistes dans son bureau décoré de photos de famille.

Parfois surnommée « Margrethe III », une allusion à la reine du Danemark Margrethe II, cette diplômée en sciences politiques avait été en 1998, à l’âge de 29 ans, la femme la plus jeune à devenir ministre dans son pays, chargée de l’Éducation.

Sous son impulsion, son Parti social-libéral (centre-gauche) avait doublé son score aux législatives de 2011.

Pour rester à Bruxelles et arriver aux plus hautes fonctions européennes, Margrethe Vestager doit en tous cas surmonter plusieurs obstacles de taille.

Tout d’abord, elle est dans l’opposition au gouvernement de coalition conduit par Lars Løkke Rasmussen. Le Danemark, qui doit renouveler son parlement avant le 17 juin, n’a pas encore confirmé qu’elle serait la candidate du royaume à la Commission.

Ensuite, elle vient d’un pays qui ne fait pas partie du noyau dur de l’Union : ainsi le Danemark n’est pas membre de la zone euro et il bénéficie de plusieurs options de retrait, notamment sur la politique d’immigration, après avoir dit « non » au traité de Maastricht.

Enfin, son récent veto à la fusion Siemens/Alstom ne semble pas propice à un appui marqué côté français ou allemand.

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