Les ports francs, symptômes des faiblesses de l’UE dans la lutte contre l’évasion fiscale

Lundi 24 juin 2019

Tribune

Opinion | Les ports francs, symptômes des faiblesses de l’UE dans la lutte contre l’évasion fiscale

Si certains États membres, comme l’Irlande et le Luxembourg, ne sont pas considérés officiellement comme des paradis fiscaux, l’Union européenne abrite néanmoins des entrepôts ultra-sécurisés qui restent hors du champ de contrôle de Bruxelles, en contradiction avec la construction et la philosophie européennes.

Par Nicole Noble (consultante indépendante, diplômée ENI, ex fonctionnaire des finances publiques) Publié à 08h44

Parmi tous les « serpents de mer » qui ondulent au sein de l’Union européenne (UE), les paradis fiscaux sont sans aucun doute parmi les plus insaisissables. Ouvert, analysé, remis dans les dossiers en attente, le sujet revient sur le dessus de la pile au gré de l’actualité et est renvoyé à une Commission européenne qui peine à faire entendre ses avis face à des États membres « tout-puissants » en matière de fiscalité. Le résultat ? Des centaines de milliards d’euros qui, chaque année, échappent aux autorités fiscales européennes et s’envolent vers d’autres pôles d’investissement, notamment en direction des économies émergentes.

[…] Ports francs

Méconnues du grand public, ces zones interlopes et très opaques sont des entrepôts ultra-sécurisés où sont stockées des marchandises, dont des œuvres d’art, au nez et à la barbe des autorités douanières et fiscales. Présent dans L’UE, au Luxembourg, le « Freeport Luxembourg » est géré par l’homme d’affaires suisse Yves Bouvier qui en possède très opportunément un autre à Singapour. Ce personnage de l’ombre s’est trouvé récemment sous les feux des projecteurs dans une affaire d’escroquerie financière l’opposant au milliardaire russe Dmitri Rybolovlev.

Le 8 janvier dernier, le député européen Wolf Klinz a écrit au président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, lui rappelant que le « Freeport Luxembourg » demeurait « un angle mort » dans la lutte pour la « transparence financière au sein de l’Union ». Un avis partagé par la commission PANA du Parlement européen, qui précise dans son enquête publiée en novembre dernier que « les Freeport offrent des solutions de stockage offshore susceptibles de favoriser le blanchiment d’argent et la dissimulation fiscale ». Lire la suite.

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