« Les fonds du terrorisme sont d’abord licites »

Jeudi 18 octobre 2001 — Dernier ajout dimanche 4 novembre 2007

L’Express du 18/10/2001

Bernard Bertossa

« Les fonds du terrorisme sont d’abord licites »

propos recueuillis par Jean-Noël Cuénod

Pour Bernard Bertossa, procureur général du canton de Genève, il est particulièrement difficile de traquer les réseaux financiers du terrorisme.

Extraits de l’entretien sur le site du magazine l’Express

Comment arriver néanmoins à débusquer ces financiers de l’ombre ?

En plus des particularités propres au financement du terrorisme, les enquêteurs sont victimes de l’opacité qui caractérise les opérations financières en général. A mon avis, seule une erreur commise par les membres des réseaux Ben Laden pourrait débloquer la situation. Et l’on sait que dans toute organisation, même la plus élaborée, il se commet des bévues. Encore faut-il savoir les exploiter. Les commandos qui viennent de frapper les Etats-Unis ont vécu en Occident, y ont fait des études, suivi des formations. Tout cela a été payé par des tiers. Ceux-ci ont peut-être laissé des traces qui pourraient faire progresser les enquêtes. Mais il ne faut pas se bercer d’illusions. Ces réseaux sont cloisonnés de façon étanche. De plus, ces opérations n’ont pas entraîné des transferts de fonds massifs en un bref laps de temps, ce qui aurait pu donner l’alerte. Les activités d’Oussama ben Laden sont connues depuis bien avant le 11 septembre. Et toutes les enquêtes menées dans son environnement n’ont rien donné.

Pourtant, ses opérations ont dû laisser des indices…

Tout dépend de ce que l’on considère comme un indice. Par exemple, le seul fait qu’Oussama ben Laden ait un demi-frère à Genève qui s’occupe de finance ne constitue pas, pour moi, un indice. D’ailleurs, on peut concevoir qu’Oussama ben Laden évitera plutôt d’utiliser quelqu’un qui porte son nom pour mener ses opérations de camouflage financier !

L’impuissance actuelle plaide donc en faveur d’une justice internationale…

A une criminalité mondialisée il faut répondre par une justice mondialisée - c’est évident. La création de la Cour pénale internationale de Rome, consacrée aux crimes contre l’humanité, est, à cet égard, une marque de progrès.

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