Steven Soderbergh : « Les Etats-Unis sont le plus grand paradis fiscal de la planète »

Mercredi 4 septembre 2019

Culture Cinéma

Steven Soderbergh : « Les Etats-Unis sont le plus grand paradis fiscal de la planète »

Le réalisateur de « The Laundromat » explique comment il a conçu cette comédie noire sur les « Panama papers », présentée triomphalement à la Mostra de Venise avant sa diffusion sur Netflix.

Propos recueillis par Thomas Sotinel Publié hier à 06h36, mis à jour hier à 12h02

Pour raconter au cinéma les « Panama papers » et leurs labyrinthes de sociétés-écrans, le documentaire semblait s’imposer. Steven Soderbergh et son scénariste, Scott Z. Burns, ont préféré la fiction, plus fort encore, la comédie. Présenté triomphalement à Venise, The Laundromat se présente sous la forme d’un entrelacs d’histoires qui changent allègrement de tonalité et de continent, des Bahamas à Pékin, de Las Vegas à Panama.

Gary Oldman et Antonio Banderas interprètent MM. Mossack et Fonseca, on croise Sharon Stone, Jeffrey Wright, David Schwimmer ou Matthias Schoenaerts, mais la star du film est Meryl Streep, incarnation familière, drôle et bouleversante de l’une des innombrables victimes du système financier dont le cabinet Mossack Fonseca était l’un des rouages. Le réalisateur explique le cheminement de ce projet de sa conception à sa mise en ligne sur Netflix, le 18 octobre.

Le scénariste Scott Z. Burns vous a proposé un film sur les « Panama Papers » en sachant que vous vous intéressiez à la finance internationale…

De l’extérieur, on peut penser qu’il y a une intention politique derrière ce projet. Dans mon esprit, c’est avant tout une histoire qui se passe dans notre monde, qui est intéressante, qui vaut la peine d’être discutée. Le timing me semblait bon. C’était une histoire qui, même si elle n’est pas terminée, a connu son troisième acte, c’est-à-dire les fuites et les révélations. Nous avions tous les deux vu et beaucoup apprécié Les Nouveaux Sauvages [comédie argentine à sketches de Damian Szifron, présentée à Cannes en 2014] et Scott a proposé de suivre cet exemple, avec des histoires multiples, tirées des fuites.

On a utilisé Mossack et Fonseca comme les hôtes d’un spectacle de variété qui nous guident à travers le film, en le rendant très théâtral. Il me semblait que c’était la seule manière de le faire. Comment avez-vous choisi les histoires parmi toutes celles qui ont été révélées ?

Jake Bernstein [du Consortium international des journalistes d’investigation, qui a organisé la diffusion des « Panama papers »] nous a donné une liste avec 30 pays et les histoires les plus intéressantes qui s’y étaient passées.

Les deux qui se sont imposées tout de suite étaient celle du naufrage du bateau [de croisière, sur un lac américain, auquel le personnage joué par Meryl Streep survit, pour être ensuite flouée par une compagnie d’assurance], parce que c’était une tragédie et qu’elle présentait une ligne directe entre les activités des sociétés-écrans et la destruction et l’injustice. L’autre était l’histoire chinoise [l’affaire Bo Xilai, dirigeant du Parti communiste compromis dans une affaire de corruption et de meurtre], qui reste incroyable. Lire la suite.

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