L’arrestation de l’ancien directeur de Pemex relance le volet mexicain de l’affaire Odebrecht

Samedi 15 février 2020

International Mexique

L’arrestation de l’ancien directeur de Pemex relance le volet mexicain de l’affaire Odebrecht

L’homme de confiance de l’ancien président du Mexique Enrique Peña Nieto a été interpellé mercredi en Espagne. Il est soupçonné de fraude à grande échelle et de corruption.

Par Frédéric Saliba Publié aujourd’hui à 11h03, mis à jour à 11h17

L’étau se resserre autour de l’ancien président du Mexique Enrique Peña Nieto (2012-2018) : son homme de confiance, Emilio Lozoya, directeur de 2012 à 2016 de la compagnie publique pétrolière mexicaine, Pemex, a été arrêté, mercredi 12 février, à Malaga en Espagne. Les accusations de corruption qui pèsent sur lui relancent le volet mexicain du scandale Odebrecht, le géant brésilien du BTP qui versait en masse des pots-de-vin notamment en Amérique latine.

C’est à la sortie d’une luxueuse résidence près de Marbella que M. Lozoya, 45 ans, a été interpellé, à bord d’un taxi, par la police espagnole. Une opération réalisée à la demande des autorités mexicaines, qui réclament son extradition. Le lendemain, l’ancien haut-fonctionnaire, en cavale depuis presque un an, a été incarcéré dans une prison de Malaga. Il est accusé de fraude à grande échelle, d’association délictueuse et de corruption.

Tout a débuté en 2017 quand d’anciens dirigeants d’Odebrecht ont révélé à la justice brésilienne avoir versé 10,5 millions de dollars à M. Lozoya entre 2012 et 2014. En échange, l’ancien patron de Pemex aurait attribué à Odebrecht des contrats, dont celui du conditionnement d’une raffinerie dans l’Etat d’Hidalgo (centre) pour 64 millions de dollars. Certains pots-de-vin auraient été versés avant que M. Lozoya prenne les rênes de la compagnie pétrolière. L’enquête révèle que ces sommes auraient servi à financer, en 2012, la campagne électorale de M. Peña Nieto, alors candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre) qui a gouverné sans partage le Mexique de 1929 à 2000 avant de revenir au pouvoir de 2012 à 2018. « Il ne gérait pas seul »

L’entrée en fonction, le 1er décembre 2018, du président de gauche Andres Manuel Lopez Obrador (« AMLO ») a sonné le glas des protections dont bénéficiait M. Lozoya. Depuis, ce dernier est accusé d’autres malversations. En tête, l’achat en 2013 par Pemex d’une usine d’engrais à l’entreprise sidérurgique Altos Hornos Mexicanos (AHMSA) pour 442 millions de dollars. Une somme bien supérieure à la valeur de cette usine obsolète depuis quatorze ans. Dans la foulée, AHMSA transférait 3,7 millions de dollars sur des comptes bancaires liés à M. Lozoya par l’intermédiaire de circuits financiers utilisés par Odebrecht.

« Emilio ne gérait pas seul », a réagi Javier Coello, l’avocat mexicain de M. Lozoya, après sa détention. Les regards se tournent vers M. Peña Nieto, soupçonné d’être le donneur d’ordres de ces petits arrangements entre amis. D’ailleurs, Marcelo Odebrecht, l’ancien PDG de la compagnie brésilienne qui a reconnu le plus grand scandale de corruption du sous-continent américain, a rencontré, entre 2010 et 2013, M. Peña Nieto à quatre reprises. Lire la suite.

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