Rachida Dati, très chère conseillère de Carlos Ghosn

Jeudi 10 septembre 2020

Rachida Dati, très chère conseillère de Carlos Ghosn

Par Gérard Davet et Fabrice Lhomme

Publié aujourd’hui à 06h14, mis à jour à 11h32

Enquête La justice enquête sur les 900 000 euros versés, à partir de 2010, par la filiale néerlandaise de Renault-Nissan à l’ex-députée européenne, pour une prestation de conseil auprès de Carlos Ghosn. Les juges soupçonnent un emploi de complaisance et des faits pouvant relever du trafic d’influence et de la corruption passive

Le rendez-vous touche à sa fin, ce 30 mai 2017, dans un restaurant de son « fief ». Maire depuis 2008 du 7e arrondissement de Paris, l’un des plus chics de la capitale, Rachida Dati se raconte longuement, en vue d’un portrait pour Le Monde.

Avec son franc-parler habituel, elle bifurque sur ses craintes, alors que les juges, à l’époque, multiplient les offensives, contre l’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy ou le nouveau président (La République en marche) de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand : « J’ai une boule au ventre, pourtant je n’ai rien à me reprocher, mais je me dis, qu’est-ce qu’on va me trouver ? Je suis devenue parano. A force, avec l’affaire Ferrand et le reste, ça fait flipper. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi La première fois que « Le Monde » a écrit « Rachida Dati »

On l’avait revue pour un autre entretien, quelques mois plus tard, et celle qui était encore députée européenne avait évoqué la suite de sa carrière politique, alors que la loi interdisant de cumuler un mandat local et de parlementaire européen allait entrer en vigueur.

« En 2019, il faudra choisir entre ici [le Parlement européen] et la mairie. La politique, ça va être un truc de rentier ou de naze parce qu’on ne pourra plus être avocat et député par exemple. Je resterai maire, et je trouverai un boulot, j’aimerais bien m’investir dans une fondation par exemple. » Elle assurait aussi vouloir revêtir, à nouveau, la robe de magistrate. Sa vraie passion, jurait-elle.

Evoquant l’enquête sur le financement de la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy, dont elle avait été la porte-parole, Rachida Dati confiait enfin : « J’habite toute seule avec ma fille Zohra. Ce qui m’inquiète, c’est qu’on sonne à 6 heures du matin et qu’on défonce la porte… Ils ramassent tout le monde ! Du coup, j’ai vérifié : j’ai retrouvé fiches de paie, virements… Mais ce qui me fait flipper, pour Zohra, c’est qu’ils viennent faire une perquiz. » Elle avait ajouté, violemment : « Tout ça à cause de tocards qui se sont rempli la panse… »

Et voilà aujourd’hui que trois juges, chargées d’une enquête sur les fonds généreusement versés par une filiale de Renault-Nissan, ne sont pas loin de penser que Rachida Dati, elle aussi, s’est « rempli la panse ». Les magistrates ont formalisé leurs soupçons dans une ordonnance, en octobre 2019. Le Monde y a eu accès. Il apparaît ainsi que les perquisitions ont été instructives. Notamment au siège de Renault, où les enquêteurs ont mis la main sur une mystérieuse pochette estampillée « R. D. ». Lire la suite.

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