Une enquête préliminaire italienne met en cause les dirigeants de Vivendi

Samedi 12 décembre 2020

Une enquête préliminaire italienne met en cause les dirigeants de Vivendi

12 déc. 2020 Par Agence France-Presse

  • Mediapart.fr

Les policiers italiens ont bouclé leur enquête préliminaire sur d’éventuelles « manipulations de marché » lors de la montée de Vivendi dans le capital de Mediaset, ouvrant la voie à de possibles poursuites à l’encontre de ses dirigeants Vincent Bolloré et Arnaud de Puyfontaine, a affirmé samedi la brigade financière italienne.

Les policiers italiens ont bouclé leur enquête préliminaire sur d’éventuelles « manipulations de marché » lors de la montée de Vivendi dans le capital de Mediaset, ouvrant la voie à de possibles poursuites à l’encontre de ses dirigeants Vincent Bolloré et Arnaud de Puyfontaine, a affirmé samedi la brigade financière italienne.

Baptisée « opération unfairplay », l’enquête initiée en 2016 portait sur les circonstances de la montée du géant français des médias dans le capital du groupe italien, après la dénonciation d’un accord entre les deux groupes, ainsi que sur le projet d’acquisition par Vivendi de la télévision payante Mediaset Premium.

L’enquête mandatée par le parquet de Milan conclut que l’homme d’affaires Vincent Bolloré et le président du directoire de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine, sont passibles de poursuites pour « manipulation du marché » et « obstruction à l’exercice de fonctions de contrôle », selon un communiqué de la brigade financière italienne. Le parquet de Milan pourra désormais décider ou non de se saisir de l’affaire.

« Le bureau du procureur émet l’hypothèse que, au second semestre 2016, Vivendi aurait communiqué des informations incorrectes au marché et n’aurait pas transmis certaines informations à l’autorité italienne des marchés », affirme Vivendi dans un communiqué, en dénonçant des « allégations ».

Le groupe « réaffirme avoir acquis sa participation dans Mediaset de manière légale et avoir toujours communiqué de manière transparente aux marchés et aux régulateurs et que ses dirigeants actuels et précédents sont totalement étrangers à ces circonstances et ont agi dans le plein respect de la loi », se défend Vivendi, convaincu que la procédure aboutira à un « classement sans suite ».

La police italienne relève par ailleurs « un comportement de manipulation » de Vincent Bolloré dans le cadre d’une affaire qui avait déjà été sanctionnée en janvier 2014 par l’autorité boursière italienne, la Consob. Elle concernait des manipulations supposées en 2010 sur le cours de Premafin, une holding alors propriété de la puissante famille italienne Ligresti.

Les deux groupes sont à couteaux tirés depuis 2016 et la décision de Vivendi, dont le groupe Bolloré est le premier actionnaire, de revenir sur un accord prévoyant le rachat du bouquet de chaînes de télévision payantes Mediaset Premium.

La collaboration entre Mediaset et Vivendi avait commencé sous de bons auspices avec la signature en avril 2016 d’un « accord stratégique » devant créer un nouveau géant européen de la télévision.

Vivendi devait racheter 100% du bouquet de la chaîne payante Mediaset Premium, un accord assorti d’un échange de participations à hauteur de 3,5%.

Mais Vivendi a dénoncé cette alliance le 25 juillet 2016, en arguant de doutes sur les résultats futurs du bouquet de télévision, ce qui a déclenché la colère de la famille de l’ancien chef de gouvernement Silvio Berlusconi qui contrôle Mediaset.

Fin 2016, le groupe français était monté au capital de Mediaset lors d’un raid éclair qualifié d’« hostile » par la famille Berlusconi, qui a alors saisi la justice italienne via sa holding Fininvest en accusant Vivendi de « manipulation de marché ».

La famille Berlusconi reprochait à Vivendi d’avoir fait chuter artificiellement l’action Mediaset en annonçant la rupture de l’accord stratégique pour monter à son capital à moindre coût.

cm-mra/sl

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